Excellente surprise que je n'attendais absolument pas ou plus chez Robert Aldrich, positionnée au début de sa carrière, dans un registre — le film noir légèrement dégénéré — où je ne l'avais jamais vu auparavant. À mi-chemin entre le film noir à proprement parler et la série B de qualité, tous les éléments sont là pour mettre à l'aise les amateurs du genre : un détective privé, une femme qui disparaît mystérieusement, des morts à la pelle, et surtout un MacGuffin qui semble être la définition même du terme tant l'objet que toutes les parties (protagonistes, policiers et malfrats) convoitent brillera par son absence et par son grand potentiel en toute fin de film.


Le film commence de manière presque classique, avec une enquête opérée par Mike Hammer après une scène d'introduction bizarre — une femme surgit dans la nuit, "remember me", générique anormal, ils sont assommés et on essaie de les tuer, étrange — et une investigation se faisant de plus en plus obscures, les enjeux le dépassant clairement. Aldrich sème énormément de fausses pistes et de faux semblants, pour finalement converger vers un secret dont l'effet pourra énormément surprendre, quelque chose qui n'arrive malheureusement que très rarement. Je ne l'ai pas vu venir, le "Manhattan Project - Los Alamos - Trinity", et les deux aperçus que l'on a de la mystérieuse boîte, un premier très bref et un second tragique, sont d'une efficacité redoutable.


Film noir témoin des angoisses de son époque par excellence, sur fond de Guerre froide et de boîte de Pandore dans une de ses acceptions les plus pragmatiques que je connaisse au cinéma. La corruption et l'amoralité sont omniprésentes, au moins autant que les cadavres qui s'accumulent sur le chemin de Hammer, et le film parvient à frapper très fort à ses deux extrémités, dans les séquences inaugurale et finale. Absolument zéro romantisme ici, l'ambiance n'est faite que de violence et de paranoïa, et d'un mystère qui a parfois été comparé à Lynch.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/En-quatrieme-vitesse-de-Robert-Aldrich-1955

Morrinson
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le 6 juin 2022

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Morrinson

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