End of a Gun par pierrick_D_

Decker est un ancien flic d'élite,ou un truc dans le genre.Mais en réalité il n'est peut-être pas si ancien que ça et serait secrètement toujours en activité.En fait,l'à-peu-près est le leitmotiv du film et on ne sait jamais vraiment qui fait quoi et pour quelle raison.Ce brave Decker zone à Paris,sans bien sûr qu'on sache ce qu'il fout là et,par le plus grand des hasards,il tombe sur un nid de trafiquants de drogue en volant au secours d'une demoiselle en détresse.A partir de là,l'histoire,filandreuse au possible,va sinuer interminablement au gré des manoeuvres insensées d'un héros qui sait toujours tout à l'avance,ce qui lui octroie un avantage substantiel sur ses ennemis.Voici donc la neuvième et dernière en date des collaborations infernales entre Keoni Waxman,producteur,réalisateur et scénariste,et sa vedette Steven Seagal,acteur principal et co-producteur.Même si ça parait impossible,il faut reconnaître que c'est encore plus nul que d'habitude.C'est une véritable escroquerie,et les mecs tournent visiblement parce qu'ils préfèrent ça à Pôle Emploi Spectacle.L'intrigue n'a pas le moindre intérêt,les personnages sont vides,les scènes d'action pitoyables,et rien n'est crédible ni abouti.Ainsi,on est censés être à Paris mais,en dépit des plans sur les monuments emblématiques de la capitale,on n'y croit pas une seconde.Et pour cause,le film a comme d'hab été tourné en Roumanie,la Mecque des productions sans un rond.On ne sait pas vraiment ce que les mecs ont foutu,maquettes ou stock shots,mais ça ne ressemble jamais à Paname.Du reste,rien ne ressemble à rien là-dedans,la palme revenant sans doute à la fourrière parisienne,qui s'apparente de l'extérieur à un immeuble de centre-ville lambda et de l'intérieur à un parking à étages,les deux parties n'ayant manifestement aucun rapport.Ca ressemble à tout,mais sûrement pas à une fourrière,et c'est de surcroît bien mal gardé par deux pauvres flics français dont Steven va venir à bout facilement après s'être introduit dans les lieux tout aussi aisément.Il y a aussi le chef du gang,qu'on aperçoit de temps en temps mais dont on ne montre jamais le visage.On se dit qu'il y a probablement une raison à ça et qu'on aura une surprise de taille lorsque sa gueule sera dévoilée.Mais non,on en restera là et on ne verra pas sa bobine,c'est tout simplement sans objet,pour faire croire qu'il y a quelque chose à découvrir,ce qui n'est pas le cas.Pour ce qui est des scènes de combat de Steven,après tout on est là pour ça,c'est service minimum.Il y a un moment déjà que Seagal est rhumatisant,mais là on franchit un nouveau palier.La star a inventé une nouvelle technique,il se bat sans bouger.C'est très impressionnant.Il met ses bras devant lui,en position "Hong-Kong fou fou",et attend paisiblement que ses adversaires viennent se fracasser dessus et obligeamment rebondir pour partir dans le décor.Bien sûr,Waxman filme ça comme de la merde afin qu'on ne voie rien et qu'on ne réalise pas trop le ridicule de la situation.Ceci dit,Keoni essaie de donner du volume au film en introduisant des gimmicks pseudo chics comme ces séquences de split screen qui n'apportent rien mais sont censées imprimer du style.Sinon,Seagal prend la pose,selon la tradition,avec ses cheveux courts calamistrés et ses lunettes teintées,en distillant ses coutumières formules énigmatiques qui éclairent d'un jour nouveau le sens de la vie.Bien sûr,il étale tous les vilains et gagne à la fin,et naturellement il se tape au passage la bombasse de service trop jeune pour lui.Il est comme de juste entouré d'inconnus sortant du fin fond de la Roumanie.La poulette se nomme Jade Ewen.Elle a dû suivre les mêmes cours d'art dramatique que les acteurs de "Demain nous appartient" mais elle est très agréable à mater,genre cagole de télé-réalité.Le seul à s'en sortir est l'excellent Florin Piersic,le méchant gangster,qui était déjà dans "Killing Salazar",le précédent Seagal-Waxman.