Ce film est ce qui s’appelle dans le jargon cinématographique et pour les professionnels du septième art un « europudding ». C’est-à-dire que c’est une œuvre produite par plusieurs pays européens à la fois, en général plus de deux, ce qui se répercute aussi bien au niveau du financement que de l’aspect artistique (du réalisateur aux comédiens) ou encore au niveau des lieux de tournage. Ici, avec « Entre la vie et la mort » on a donc une production majoritairement belge et espagnole mais aux participations également luxembourgeoise, française et, exception notable, chilienne de par la nationalité de son réalisateur. Le tournage a eu lieu quasiment uniquement en Belgique avec quelques scènes en Espagne et il y a des acteurs venant de tous ces pays (De la Torre est espagnol, Gourmet est belge et Vacth est française). En général, ces productions ne flirtent pas avec la réussite à vouloir plaire à tout le monde et satisfaire différentes cultures alors que c’est le but commercial premier qui est affiché. C’est souvent impersonnel et trop lisse voire complètement foireux (on se souvient du « Vatel » de Roland Joffé). Et bien ici, pourtant, cela fonctionne avec ce suspense implacable entre policier et thriller qui ne nous lâche pas d’une semelle plus de quatre-vingt-dix minutes durant. Dominé par la prestation taiseuse mais intense du très magnétique Antonio de la Torre, « Entre la vie et la mort » déroule son scénario habile, astucieux et sans temps mort en nous réservant des rebondissements mesurés au compte-gouttes pour notre plus grand plaisir.
A noter que la belle Marine Vatch est tout aussi surprenante en fliquette teigneuse et qu’Olivier Gourmet, en guest pour attirer le chaland dans les pays francophones, est toujours impérial dans un rôle de père et de commissaire, même si sa présence à l’écran est limitée. « Entre la vie et la la mort » a le bon goût de débuter de manière mystérieuse, on défie quiconque de savoir où cela peut mener, et de se terminer de manière très jubilatoire, brutale et satisfaisante. Entre deux, le cinéaste Giordano Gederlini nous gratifie de plans très soignés et sophistiqués transpirant la maîtrise de la mise en scène et le bon goût. On pense notamment à cette séquence à vélo dans un Bruxelles vidé de ses habitants, à ce plan sur Vatch fumant sa cigarette sur une capitale nocturne ou encore à ces images bucoliques sur un étang dont la tranquillité va être traversée par un cadavre. L’intrigue est retorse mais chaque morceau du puzzle s’imbrique avec logique et rigueur. Les scènes de combat ou de fusillades sont parfaitement crédibles et savamment travaillées et n’ont pas à rougir des cousins américains ou sud-coréens. Si un petit ventre mou se présente au milieu et que certaines relations manquent d’approfondissement, ce long-métrage très captivant n’en demeure pas moins un exemple parfait de co-production européenne comme on aimerait en avoir plus.
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