Le polar d'Akira Kurosawa maîtrise brillamment un scénario à rebondissements, la direction d'acteurs judicieusement choisis et la mise en scène d'une épure de samouraï.
Des actionnaires d'une entreprise de chaussures s'allient pour prendre son contrôle, mais leur hôte M. Gondo refuse de les soutenir, car il a un autre plan.
On enlève le fils de M. Gondo pour réclamer au riche industriel 30 millions de yens. Doit-il payer ? N'est-ce pas une vengeance des actionnaires pour l'obliger à rallier leur camp ? M. Gondo (Toshirô Mifune) hésite. Personnalité rugueuse habituée à commander, indélicat envers sa jeune épouse, il ne veut pas lâcher sa fortune, n'est guère sympathique.
Le huis-clôs chez M. Gondo devient intense au fil des appels téléphoniques du ravisseur. L'industriel y joue le rôle principal, mais son adjoint, son chauffeur et sa femme comptent aussi. L'inspecteur Tokura et son équipe se concentrent sur l'enquête, cernent méthodiquement le criminel. Sa personnalité se dévoile peu à peu jusqu'au coup d'éclat final. Au cours des trois étapes de la traque policière, nous explorons quelques milieux de Tokyo à travers le monde froid et calculateur des industriels, le travail collectif d'une brigade de police spéciale, ou le monde de la nuit interlope.
Comment décrypter "Entre le ciel et l'enfer" ?
La villa des Gondo, nid d'aigles dominant son quartier, représente l'Olympe aux yeux d'habitants mal logés. Et dans le ciel, un nuage rose en dit long.
L'enfer, c'est la cupidité et l'envie, symbolisées par les industriels actionnaires, le preneur d'otage ou certains errants des bas-fonds. Vision dantesque des drogués dans leur squat, rongés par les souffrances et le manque, qui déambulent en somnambules dans la boue et les déchets les plus abjects.