Première tentative de s'adresser aux adolescents par le studio Blue Sky, Epic est aussi l'adaptation du roman "The Leaf Men and the Brave Good Bugs ", écrit par William Joyce en 1996. Ce dernier officit également sur Epic en tant que Producteur exécutif, Scénariste et Concepteur de production. Une vrai implication pour l'auteur donc, qui explique sans doutes en partie la réussite du film.
Une réussite visuelle tout d'abord, il faut dire que la direction artistique du film est très réussie, avec des couleurs chatoyantes et un chara designe superbe. On soulignera également la végétation, plus vraie que nature (les plans d'ensembles de la forêt sont justes photoréalistes) ainsi que les personnages de Mub et Grub, respectivement une limace et un escargot, qui non content d'apporté une touche d'humour au récit, se révèlent tout simplement bluffant d'un point de vue technique. Ces derniers étant capables de prendre toutes sortes de formes, avec un rendu visuelle sur lequel animateurs et techniciens ont du s'arracher les cheveux.
La mise en scène de Chris Wedge n'est pas en reste, proposant des séquences d'action ultra dynamiques et spectaculaires, à base de combats aériens vertigineux et de courses poursuites dans les cimes des arbres. Je n'ai malheureusement pas pu voir le film en 3D, mais les quelques écho que j'ai pu lire suggère une réussite à ce niveau là. Ce qui ne fait aucun doute, les films d'animation excellants souvent dans leur relief.
Le scénario, bien que réussi, paraîtra sans doutes plus perfectible que le visuel du film. Même si ce dernier embrasse avec talent toute la mythologie du monomythe de Joseph Campbell (procédé reconnu comme étant très difficile pour les scénaristes), ont se doit de souligner le ratage que constitue le personnage du père (très prévisible et assez énervant) et l'absence d'émotion que provoque son rapport avec Mary Katherine, sa fille. Il faut savoir que Mary Katherine était le nom de la fille de William Joyce, malheureusement décédée à l'âge de 18 ans en 2010, la charge émotionnelle que représente le personnage est donc bien là sur le papier, mais transparaît assez peut à l'écran.
Mais malgré ces quelques réserves scénaristiques, le récit reste ultra efficace, ceci grâce à sa bonne compréhension du "Héros aux milles et un visages" de Campbell évoqué plus haut. Le personnage de Mary Katherine passant par toutes les épreuves des grands classiques de l'épopée, garantissant de fait, une immersion totale au spectateur ne rechignant pas à épouser les grandes figures archétypales du film.
A l'instar des "Cinq Légendes" de Dreamworks sortit l'année dernière (aka le meilleur film de super héros de 2012) et qui était lui aussi l'adaptation d'un bouquin de William Joyce, Epic est donc une tentative innovante et réjouissante pour Blue Sky qui signe ici sans le moindre doute son meilleur film.
La preuve que certains se demandent intelligemment pourquoi Ghibli et Pixar ont à ce point dominer l'animation ces 30 dernières années.