Avant de le voir je l'avais déjà mis dans une petite case pleine de préjugés. Ça date de 2002, ça a une affiche à la Matrix et la prémisse est à peine plus intelligente… Tout ce qu'il fallait pour m'amuser pendant le déjeuner non ?
Non.
Equilibrium est un film qui mélange beaucoup de tropes de science-fiction et qui, une quinzaine d'année plus tard, tiens plutôt la route grâce à sa non débauche d'effets spéciaux moches et par son écriture.
Le monde dans lequel le héros (Christian Bale) est un mélange dystopique merveilleux avec de la répression totalitaire contre le chaos d'une apocalypse nucléaire. Il est interdit d'y ressentir des émotions (ce qui facilite la direction d'acteur, soyons honnêtes) et donc, en plus de droguer tout le monde, on détruit systématiquement l'art par le feu. Les artistes et les déviants aussi.
Le pot-pourri science-fictionnel peut choquer légèrement le passant, mais le film arrive à transformer tout ça en espèce de truc gris et précis, oppressant et convaincant.
Le côté année 2000 se retrouve beaucoup dans les chorégraphies de combat. On sent qu'un certain Matrix est passé par là… Mais le film parvient à le justifier sans trop de problèmes.
L'histoire, même si elle est tortueuse, sait rester plutôt directe : notre héros inexpressif, après quelques éléments troubles dans sa vie personnelle, décide d'arrêter son traitement anti-émotion "pour voir", et se retrouve au prise avec le système qu'il servait jusque là. Le film arrive à mettre correctement mal à l'aise et à nous faire ressentir de l'empathie pour ce héros qui s'humanise peu à peu, et cela grâce à la performance de Taye Diggs, un antagoniste presque parfait, à l'image du système qu'il incarne.
C'est pas joyeux, pas vraiment ce qu'il me fallait pour déjeuner, mais c'est une plutôt bonne découverte.