Ce qu'il y a de bien avec un film signé Peter Weir, c'est que l'on sait qu'on s'embarque dans un univers particulier, une ambiance originale et potentiellement envoûtante. On est rarement déçu, un peu comme avec Nicolas Roeg (référence qui me passe par la tête à ce moment précis, une parmi beaucoup d'autres possibilités).


La façon d'introduire le sujet est ici la particularité du film, comme une pilule qui diffuserait très doucement ses parfums. La scène d'introduction est à ce titre parfaitement réussie, esthétiquement mais aussi dans sa mise en scène. Un accident d'avion dans un champ de maïs, un Jeff Bridges qui sort de là quasiment indemne (physiquement) avec un bébé dans les bras : on comprend sans vraiment comprendre ce qui s'est passé, et on n'aura la réponse qu'à la fin du film, peu ou prou. Ce qui est beau dans "Fearless", c'est que les thématiques et problématiques au cœur du film sont elles-mêmes cachées pendant un moment, dévoilées peu à peu seulement. Les enjeux se dessinent à mesure que l'on progresse dans le récit et dans la tête du personnage de Bridges. On se rend compte qu'il est loin d'être indemne, et que le chemin vers le rétablissement psychologique sera long et semé d'embûches.


Au final, seule la dichotomie un peu simpliste psychanalyse / religion quand il s'agit d'expliquer l'état mental dans lequel se trouve le protagoniste plombe le film. D'un côté l'amie survivante qui se réfugie dans des croyances, et de l'autre le psy (John Turturro, dans un rôle mineur) qui tente d'expliquer la situation de manière un peu plus rationnelle : il y a bien peu de matière à se mettre sous la dent. Non, clairement, le principal intérêt du film réside dans sa façon de dévoiler les enjeux, à jouer avec le spectateur quant au registre adopté, et dans le personnage de Jeff Bridges, le "bon samaritain" malgré-lui qui cherche un sens à ces événements. Une séquence d'accident de voiture volontaire, droit dans le mur, comme expérience de vie et démonstration très efficace ; une autre séquence sous la forme d'un délire un peu mystique et poétique : c'est pour ce genre de choses qu'on aime ou pas les ambiances et donc les films de Peter Weir.


[Avis brut #130]

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le 27 sept. 2016

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Morrinson

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