Été violent résume une passion parcourant un jeune homme, fils d'un dignitaire fasciste, et une femme plus âgée qui doit vivre son veuvage pour elle et pour sa famille. Entre eux deux va se situer la guerre, qui ne touchait pas auparavant cette petite ville du sud de l'Italie où se situe l'histoire.
Pour moi qui aime les mélos, je suis plus que servi, car Été violent est un film tout simplement magnifique, d'une force romanesque à faire chavirer les cœurs, un appel à l'amour sous toutes les périodes et peu importe le passé de chacun.
Le film est également l'histoire d'interdits. Celle de Jean-Louis Trintignant, qui vit sous le poids d'un père fasciste, et dont on découvrira qu'il fut un déserteur, et Eleonora Rossi Drago, veuve âgée de trente ans, femme d'un héros tombé à la guerre, qui est sommé par sa mère, véritable tortionnaire de continuer à vivre en tant que mère ET veuve, et non de retrouver l'amour en tant que femme. Elle va ainsi braver l'interdit, et d'une certaine manière, briser la rigueur que cette vie lui imposait, pour se découvrir réellement amoureuse d'un homme, à sa façon.
Si le film est un mélo, n'oublions pas qu'il se situe durant la Seconde Guerre Mondiale, aux alentours du décès de Benito Mussolini, mais dans une ville qui semble hors du temps, où les jeunes continuent à s'amuser comme si de rien n'était, mais où la réalité va durement les rattraper.
D'une part à cause des nouvelles qu'ils entendent à la radio, ensuite par l'annonce de la mort de Mussolini où ceux-ci vont déboulonner sa statue à l'entrée de la mairie, et par la guerre en elle-même qui va faire irruption de la plus violente et soudaine des façons.
Tout le film baigne dans ces instants, une attaque soudaine, un amour soudain, qui donne à l'histoire un sentiment de fugacité à faire couler une larme.
La photographie de Tino Santoni y est également sublime, donnant un poids à ce destin, comme la scène du premier baiser, qui est presque perçu comme coupable chez Eleonora Rossi Drago, la lumière lui donnant presque un sentiment de culpabilité.
Même si c'est un amour discret, de par la nature scandaleuse qu'il devait avoir à cette époque de guerre, il est vécu de façon exacerbée par les amoureux, qui sentent bien que ça n'ira pas bien loin, car la réalité finit toujours par tout rattraper.
Voilà comment expliquer la façon dont j'ai été saisi par ce film, découvert par hasard sur Arte (avec une copie HD sublime), et que si Douglas Sirk aurait été italien, il aurait pu s'appeler Valerio Zurlini.