Je suis trop dure avec cet objet à cause d'une scène manipulatrice aux dépens d'un enfant!

Vu à sa sortie, j'avais dans la salle commencé à l'adorer: comment résister à ces enfants, des souvenirs, de vraies bouilles? Pensez aux photos de Doisneau pour Les doigts plein d'encre http://www.senscritique.com/livre/Les_doigts_pleins_d_encre/48746#


Que des scènes prises sur le vif, non-orchestrées et spontanées! drôles, touchantes! etc.


Jusqu'à la scène IGNOBLE où l'instituteur amène à part un des garçons...donc un dispositif organisé...table à part...mais la caméra reste sur eux...et l'instituteur "invite" ce garçon à parler de sa vie de famille et sa situation: elle est épouvantable, il est en train d'y vivre un drame, la mort d'un proche lente et dans la douleur...une vraie torture quotidienne car aussi dure pour les proches de voir un être aimé s'éloigner sans pouvoir faire quelque chose...(c'est déjà l'horreur pour un adulte responsable et qui travaille et qui a vécu...alors pour un gosse désarmé, c'est pirel)
le petit garçon éclate en sanglots, pleure à ne plus s'arrêter!


Vous allez me dire , quel est le problème? et alors, ces situations existent et ce réalisateur et ce bon beau Maitre d'Ecole nous donnent conscience de ces situations: "il-n'y-a-pas-d'égalité-à-l'école"; ce garçon est confronté à une horreur trop jeune etc. etc. etc. c'est pas cela mon problème avec cette scène.


C'est qu'elle n'est pas spontanée: elle est scénarisée, organisée par les créateurs!


Oui, oui, c'est mon problème mais quand j'ai vu cette scène tenant encore dans la main le ticket que j'avais payé, je ne savais que j'avais payé pour voir un gamin se faire "bousculer" moralement...


C'est que ce gamin à ce moment là, A CE MOMENT très précis où son instituteur vient le tirer loin de ses copains, il n'y pensait pas à sa situation familiale! Grâce à l'école, ses copains, ses crayons de couleurs etc. son esprit s'était envolé quelques secondes et avait échappé à cette horreur, son horreur quotidienne qu'il rejoint après classe...
ce qu'il peut oublier quelques secondes surtout grâce à ses copains de classe et la salle de classe protectrice...
l'instituteur POUR LE BESOIN DE LA CAMERA l'a ramené à cette réalité! Il cherche à le faire pleurer.


Je m'exprime sans doute mal, mais mon respect pour ce Georges Gonzalez, est tombé net! J'ai commencé à avoir des doutes sur ses principes moraux
(et la suite et son procès à l'équipe pour avoir plus d'argent donnera raison à mes gros soupçons!).


Ils auraient pu simplement nous DIRE que ce garçon avait beaucoup de mérite car son papa était en train de mourir.


Ils n'avaient pas besoin de lui rappeler qu'il vivait cette horreur.
Ils ont obtenu des pleurs mais les moyens puent.


Speedy Gonzalez ne découvre pas du tout cette situation par accident du tout (comme les sont les autres scènes spontanées charmantes du début du film): non, il ORCHESTRE la douleur du gamin pour l'obtenir pour la caméra car il est parfaitement au courant de la situation de ce garçon à la maison.


En plus, c'était évident que le garçon ne voulait pas en parler...il ne veut pas! mais Gonzalez l'aiguille, le pousse, le force...la caméra tourne. Chop chop! Il sait . Il veut obtenir l'histoire, celle ECRITE DANS LE SCENARIO!


Je sais que je suis trop long et chiant mais il me peine d'imaginer le manque de conscience et l'accident morale, je crois, des ses auteurs qui se sont réunis des mois à l'avance autour d'un café, à une table et un p4tit crayon à papier et qui ont benoitement organisé les pleurs d'un enfant!
Là c'est la scène 14, "celle où nous lui rappellerons son enfer"! Et personne pour dire ou se demander:
"y'aurait-il pas un autre moyen?" "non, non, faut être efficace!" "si on compte sur leur spontanéité, on en a pour trop longtemps!"


http://www.senscritique.com/livre/Le_Petit_Nicolas_tome_1/2470#


ps: 02/04/2017 Anthony Soulage de SC me dit dans les coms que cette scène n'a pas été organisée à l'avance "des mois à l'avance" mais le jour même et par l'instituteur seul qui lui seul aurait décidé seul de faire parler l'enfant sur ce triste sujet sans que les producteurs, réalisateur, caméraman et preneur de sons et autres, ne savent ...dont acte!
"il devait lui parler de son passage en 6e" et aurait de lui-même bifurquer sur le père malade.
(pourtant à revoir le début de la scène que je trouve sur YouTube ( je ne veux pas la revoir en entier), il y a bien une coupure nette et un changement de plan et de postions de caméra avec une pause entre "je te parle de la 6e" puis "je te fais pleurer"...
ce sont bien deux conversations avec changement de plan et de position de toute l'équipe https://youtu.be/Wg6UpAToSC4?t=4794 https://youtu.be/Uc1V_1PcDYA?t=4615)


De toute manière, c'est pas l'instit qui a continué à filmer et qui a fait le montage en gardant cette scène...

PierreAmo

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