Eureka
6.7
Eureka

Film de Lisandro Alonso (2023)

Le constat était valable pour son long-métrage précédent, Jauja, et il l'est tout autant avec Eureka : pour tenter d'apprécier un film de l'Argentin Lisandro Alonso, il vaut mieux être en bonne forme physique et mentale et, surtout, ne pas chercher à tout comprendre mais à ressentir, si possible. Plus facile à dire qu'à faire, quand le cinéaste pousse le bouchon très loin, avec certaines scènes où il ne se passe strictement rien, et qui durent, qui durent. De plus, sur près de 150 minutes, Eureka est scindé en trois épisodes distincts qui font voyager dans l'espace et le temps, mêlant le réalisme à l'imaginaire, du western grotesque à l’œuvre contemplative. Une constante tout de même : la présence des populations originelles de l'Amérique, du nord et du sud, et le thème générique de l'exploitation de l'homme par l'homme. Oui, Eureka est un conte, un récit hybride qui fait la part belle au contemplatif et qui s'enferre sans doute dans sa propre posture. Cela dit, Lisandro Alonso dit lui-même qu'il n'a rien contrôlé dans son film (on peu en douter) et qu'il compte sur la curiosité (et la patience ?) des spectateurs, pour établir les connexions idoines entre les différentes scènes. Pessimiste par nature et peu séduit par le fonctionnement des sociétés modernes, le cinéaste nous invite à une forme de lâcher prise dans son nouveau film. Visiblement, selon les individus, ça passe ou ça casse, mais l'expérience mérite quand même d'être tentée, aussi opaque et fastidieuse soit-elle par moments.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2024 en avant-premières et Au fil(m) de 2024

Créée

le 2 juil. 2023

Critique lue 736 fois

6 j'aime

1 commentaire

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 736 fois

6
1

D'autres avis sur Eureka

Eureka
Cinephile-doux
6

L'exploitation de l'homme

Le constat était valable pour son long-métrage précédent, Jauja, et il l'est tout autant avec Eureka : pour tenter d'apprécier un film de l'Argentin Lisandro Alonso, il vaut mieux être en bonne forme...

le 2 juil. 2023

6 j'aime

1

Eureka
s0phistication
9

Cinéma anti-colonial

Pour introduire ce film je pars d’une lecture : La colonisation n’est pas une métaphore de Eve Tuck. Un triptyque nous donne l’itinéraire d’une envolé qui doit systématiquement passer par la...

le 1 mars 2024

3 j'aime

Eureka
Aude_L
3

Encéphalogramme plat.

2h10 à regarder une femme assise à une table, qui respire (la femme, pas la table), "fin". On caricature, bien sûr, mais le ressenti est sincère : on a cru mourir d'ennui. On n'a pas saisi...

le 31 mai 2023

3 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13