Ecrire la chronique d’un film sous le coup de l’émotion est délicat, surtout lorsqu’il s’agit d’un remake aussi attendu qu’Evil Dead. Promis comme « l’expérience cinématographique la plus terrifiante qu’on ait jamais vu » (rires), ce remake fait néanmoins le buzz, et sous nos latitudes, Mad Movies en fait carrément « une date du cinéma d’horreur ». Evidemment qu’il sera impossible de renouveler l’exploit de Raimi, mais une bonne surprise comme le fût celle de Maniac pourrait être ce film. Après visionnage, le bilan est modéré, le film alternant le mauvais et le bon.


Attention, cet article fait souvent référence au dossier Mad Movies numéro 262 sur Evil Dead, l’aperçu le plus complet du film dévoilé avant sa sortie. Comme il l’est effectivement rapporté dans ce dernier, les 20 premières minutes sont nulles. L’introduction, d’une putasserie assez énervante (genre il faut montrer un horrible rituel satanique dans la cave de la cabane), est absolument inutile, et complètement incohérente quand on considère la suite du film (apparemment, cette cabane est celle de David et de sa sœur, ils y viennent depuis qu’ils sont gosses… Alors que foutaient une sorcière, une famille et des rednecks dans la cave, et surtout pourquoi ont-ils laissés le Nécronomicon sur place ?). La présentation des personnages est laborieuse (oh, la sœur qui chante la contine de quand ils étaient enfant, on ne s’attend pas à ce qu’elle la ressorte une fois possédée…), et la séquence de libération des démons est juste artificielle au possible (un type voit les mots traduits et les lit à voix haute comme ça, direct). On peut d’ailleurs préférer l’ancien look du Nécronomicon, qui se tape ici des airs d’artbook démoniaque un peu méchant, mais qui ressemble beaucoup à un article promo de Diablo III. Malgré cela, le fait de faire de la sœur de David une junkie explique un peu mieux la persistance à rester sur place et ralentit le départ des personnages. C’est la petite bonne idée de l’intro. A lieu enfin la scène de viol végétale, autre scène culte qui passe à la moulinette, se donnant ici des airs un peu japonais dans l’emprise tentaculaire et phallique des plantes (nous entrons dans la catégorie Hentaï, et entre personnes de bons goûts, vous savez sûrement à quoi je fais référence). Néanmoins, cette scène illustre parfaitement le gros handicap du climat ambiant du film. Il alterne sans arrêt entre le calme et le gros bruitage sonore limite assourdissant pendant la séquence horrifique (qui ne fait pas peur hein). Et c’est ça pendant tout le film. Calme BLAAAAAAA ! Calme… CalmBLAAAAAAA ! et ainsi de suite. Un tel contraste peut soit peser sur les nerfs (l’original avait des séquences énervées, mais savait aussi se montrer flippant sans grosse musique), soit faire office de rythme. A voir selon le public. Et c’est là que le film peut commencer à diviser. Si la gestion des démons est finalement à la hauteur de l’original et que les effusions de sang sont toujours marquantes (toutes les séquences gores du film font mal), il y a fréquemment des périodes de calme abruptes qui viennent ralentir le débit. Parfois, les évènements s’enchaînent à une vitesse folle ( première manifestation du démon, un deuxième possédé arrive dans les 5 minutes qui suivent), parfois, le débit est pesant (et David (le remplaçant de Ash) n’a aucun charisme). Régulièrement, le film trouve une efficacité qu’il laisse un peu filer. La véritable innovation du film se fait surtout dans le gore qui tâche (et attendez vous à du lourd) et dans une sorte de gradation des manifestations démoniaques, qui vont croissant jusqu’à un final en climax qui effectivement se révèle d’une jubilation inattendue (vous n’avez jamais vu ça sur grand écran, même TCM the beginning nage loin en dessous).


Toutefois, le film est recommandé en VO. Parce que cette VF est insupportable, les démons passant leur temps à insulter le casting en les traitant d’enculés, de salopes, de pédales… Les démons qui insultent, ça nous casse les couilles depuis l’Exorciste, alors que ceux de Raimi étaient aussi effrayants en parlant peu. Là, c’est juste lourd. Sauvant les meubles avec le gore, une ambiance inégale et quelques innovations (une partie Re-animator audacieuse pour sa nouveauté), Evil Dead 2013 n’est pas une date dans l’horreur, loin de là. Il offre simplement l’occasion à tout ceux qui n’ont pas pu le découvrir à l’époque d’aller faire pénitence devant un film de commande qui tente de se révéler plus sérieux que d’habitude avec des scènes extrêmes couillues. Bien au dessus de la Cabane dans les bois, et des productions horrifiques actuelles en général (en revanche, Maniac est toujours le meilleur remake de l’année 2013, parce que Carrie…)

Voracinéphile
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le 8 nov. 2015

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