Exodus
6.7
Exodus

Film de Otto Preminger (1960)

Exodus est un film que j'ai vu au cinéma alors que j'étais jeune adolescent et qui m'avait impressionné par la force du message et des images. Puis je l'ai vu et revu à la télé, j'ai lu le roman de Léon Uris dont le film est tiré avant d'en disposer maintenant en DVD. Et j'ai toujours conservé une grande tendresse pour cette histoire à cause de l'extraordinaire vitalité des personnages.

Le film (comme d'ailleurs le livre) raconte une histoire "parallèle" avec l'Histoire de la création dans la douleur de l'État d'Israël. Il ne faut surtout pas s'attendre à une reconstitution minutieuse des évènements. Comme souvent chez Uris (Mila 18, le Hadj), le romancier procède de symboles et s'arrange avec la vraie Histoire événementielle en inventant des personnages complètement imaginaires qui s'impliquent dans un processus historique, ici la création d'un État. La façon de procéder est efficace car facilite l'identification du spectateur (ou du lecteur) aux évènements et aux personnages. Preminger (comme Uris) n'hésitent pas à marier des messages universels de paix, de liberté à des moments intimistes ou dramatiques.

Ensuite, il faut aussi prendre la mesure du moment où le livre a été écrit (1958) et où le film a été réalisé (1960). Israël venait de vivre (1956) sa deuxième guerre contre la coalition arabe. Il faut comprendre la belle oraison funèbre de la fin du film au-dessus de la tombe commune d'un arabe palestinien et d'une jeune juive comme une prière fervente et un appel à la réconciliation entre les deux peuples.

La réalisation d'Otto Preminger est superbe avec des images très fortes comme le départ de Chypre de l'Exodus sur un fond de ce bel hymne "hatikva". D'ailleurs d'une façon générale, la musique de Ernest Gold est souvent très appropriée pour accompagner les moments d'émotion ou de suspense. Le film a été tourné en décors réels que ce soit à Chypre ou en Israël.

La minutieuse préparation de l'attaque de la prison d'Acre est un modèle à la fois de suspense et de mise en scène.

Le casting est exceptionnel !

D'abord, le couple très glamour Paul Newman et Eva Marie Saint dans les rôles d'Ari Ben Canaan, officier juif de la Haganah et d'une veuve et infirmière américaine.

Mais surtout, les deux personnages que j'ai immédiatement adorés la première fois que j'ai vu le film c'est – évidemment –

Karen Hansen interprétée par Jill Haworth qui avait alors 15 ans. Son rôle est d'une grande justesse en jeune fille juive tôt mûrie à travers la traque des juifs par les nazis et si pleine d'espoir. La scène de retrouvailles avec son père qui a perdu la raison est juste bouleversante. J'ai eu le plaisir de revoir cette actrice dans "les mystères de Paris" où elle joue le beau personnage candide de Fleur de Marie.

Dov Landau interprété par Sal Mineo. Son rôle est celui d'un jeune juif ayant combattu dans le ghetto de Varsovie puis déporté à Auschwitz où il survit en tant que Sonderkommando. C'est un être révolté qui en veut à la terre entière. La scène où il rencontre Akiva, un des chefs de l'Irgoun est terrible.

L'idylle qui nait entre Dov Landau et Karen est une des choses les plus poignantes du film.

Akiva Ben Canaan, un des responsables de l'Irgoun, c'est David Opatoshu. Le personnage est un peu moins développé dans le film par rapport au roman. Par contre l'acteur est assez connu comme second rôle comme par exemple celui du passeur Jacobi dans "le rideau déchiré" de Hitchcock.

En conclusion, "Exodus" que j'ai vu un grand nombre de fois m'étreint toujours d'une grande émotion … (qui s'atténue un peu avec l'âge, bien entendu)…

Il est surtout nécessaire de voir dans ce film un symbole et un message humaniste à travers la conclusion évoquée par Ari Ben Canaan (Paul Newman) dans l'oraison funèbre qu'il faut replacer dans le contexte des années 1960.

Je jure, sur la dépouille de ces deux êtres, que le jour viendra où les Arabes et les Juifs partageront, dans une vie paisible, cette terre qu’ils ont toujours partagée dans la mort ! Taha, mon vieil ami et mon très cher frère ; Karen, enfant de lumière et fille d’Israël, Shalom !

JeanG55
9

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le 23 mai 2022

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JeanG55

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