Je me souviens d'un temps pas si lointain durant lequel je ne jurai que par Expendables et la joie qu'il me procurait de voir enfin réunies sur grand écran la plupart des stars des films d'action de mon enfance. Stallone, Schwarzy, Willis, Statham, Lundgren, Jet Li, le catcheur Steve Austin (il avait arrêté le catch depuis longtemps que je découvrais à peine ses us et coutumes) et même le caméo sympathique de celui qu'on me présenta ensuite comme Mickey Rourke, l'une des plus belles et grandes gueules de sa génération (la chirurgie en plus).


J'avais dix ans lorsque je vivais en salles de cinéma ce rêve éveillé attendu de ma découverte du cinéma à ce jour précis : Dolph Lundgren la montagne contre la vallée Li, Sly, Schwarzy et Willis réunit pour une scénette de pur fan service dantesque, et le colosse Stone Cold aux mains avec le chef de la bande, Stallone en mode John Rambo à béret noir et supplément amourette (vraiment) dispensable.


Dix ans plus tard, fallait le revoir. L'expérience cinématographique en plus, de bons et mauvais films aussi, m'auront détruit la vision d'enfant que j'avais à l'époque où je le découvrais : fade, filmé comme une mauvaise série b au budget de dtv pas bien fameux, Expendables : Unité Spéciale tient de la fausse bonne idée complètement ratée, d'un pétard mouillé au potentiel extrêmement juteux réduit à des jérémiades de mecs viriles dont la seule opposition sera de se balancer quelques pics bien adroites.


Blaguer sur la taille de Jet Li, sur sa vie personnelle (il est décidément le sujet de bien des vannes), sur les conquêtes de Statham ou de Stallone, tous deux se renvoyant la balle tout du long étant donné qu'ils tiennent les rôles principaux, vanner sur l'ego politique de Schwarzy en relayant Willis et l'autrichien au simple stade de figurants bons qu'à faire des blagues (avec toujours cette classe qui leur est propre), limiter au maximum les interactions entre les anciens ou actuels rivaux cinématographiques (principalement Statham et Li, mais aussi Sly et Lundgren) et donner une importance particulière à deux têtes dont l'ajout au casting manque de pertinence.


Terry Crews, ancien footballeur professionnel, et Randy Couture, lutteur et pratiquant de multiples arts martiaux, auront certes eu de belles carrière respectives, mais n'auront jamais suffisamment marqué le cinéma d'action pour gagner leur ticket d'entrée dans ce club VIP qui n'accepte que les grands noms du 7ème art; l'on croirait presque que leur rôle leur sert d'inclusion dans un sous-genre cinématographique particulier, comme si Stallone voulait lancer des carrière de novices dans ce domaine duquel il est mettre (ce qu'il refera dans les deux suites d'Expendables).


C'est d'autant plus gênant qu'ils prennent autant de place qu'un Li ou un Lundgren, eux qui auront gagné leur présence dans la franchise à la sueur de leurs muscles et à l'enchainement des rôles marquants : ces deux incrustés, s'ils campent quand même de bons personnages, gâcheront un peu les retrouvailles attendues de ces stars complètement tombées dans le stéréotype et la caricature (avec ou plus moins de volonté).


Car Expendables, s'érigeant évidemment comme une Madeleine de Proust à toute une époque (révolue) d'un cinéma de genre décomplexé, a à ce point mal compris ce qui en faisait la sève qu'il tombe dans un excès de chaque instant et dans une bêtise crasse pour lui rendre hommage : jamais les films qui nous auront marqués dans la carrière de Schwarzy, de Stallone ou de Willis n'auront autant reniflé la bêtise que ce général ridicule trouvant que Eric Roberts le ridiculise devant ses hommes, et que ça n'est pas bien.


Comment peut-on seulement assimiler Piège de Cristal, Predator, Rambo, Terminator ou Rocky à ce ramassis de clichés écrit n'importe comment et seulement vendu comme un grand rassemblement de belles têtes d'affiche n'ayant rien d'autre à offrir que les noms qui parsèment son générique? Comment croire atteindre le niveau de sarcasme génial de Commando en présentant des antagonistes aussi peu expressifs que Steve Austin, et ridicules comme Eric Roberts qui imite les plus mauvais rôles de ses plus mauvais dtv?


Comment s'intéresser seulement à un film dont chaque ligne de dialogue est une tentative ratée (et forcée) de punchline virile, dont chaque scène contient au moins cinq des pires clichés trouvables dans les pires séries b d'action, et qui s'évertue en plus, en se prenant au sérieux, à toujours reproduire le même schéma inintéressant de blague/action/punchline, le tout en prenant la pose de façon décontractée, comme si faire dire des conneries en faisant faire n'importe à ses stars allait rattraper le naufrage de l'écriture et le visuel low coast du travail peu convaincant d'un Sylvester Stallone décidément meilleur réalisateur sur John Rambo et Rocky Balboa.


Il aurait fallu se souvenir que poser n'est pas jouer.


Complètement stupide, visuellement moche et terriblement prévisible, Expendables tient la barre grâce à ses têtes d'affiche et quelques scènes ressortant du lot, dont un règlement de compte dans un terrain de basket réjouissant. S'il n'y avait pas Statham, nul doute que le mauvais jeu d'acteurs du reste du casting se serait échoué depuis bien longtemps. Décidément, repasser les films de l'enfance à la moulinette de l'âge adulte fait rarement ressortir de bonnes choses du placard.

FloBerne

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