La première partie du film est plutôt réussie, dans l’esprit d’Amblin, où l’on retrouve ce qu’on aime chez E.T. ou dans Les Goonies, même si Dante a déjà fait et fera nettement mieux. Au casting, trois gamins, Darren, Wolfgang & Ben : Jason Presson, le regretté River Pheonix et le génial Ethan Hawke. Tous trois sont très bien, mais il leur manque une vraie complicité, une harmonie que le film ne prend pas le temps d’installer.


 Des gamins qui se débrouillent comme ils peuvent et qui entre deux bastons, se réfugient dans de vieux films de science-fiction et rêvent de gigantesques circuits imprimés. Des gamins qui semblent former un parfait autoportrait de Joe Dante, en somme. Une fois reproduit, le circuit imprimé ouvre un champ de force : Une petite sphère incontrôlable qui dévaste la cave d’un des gamins : La plus belle scène du film. Plus important, celui qui rêve transmet à celui qui reproduit. Le voyage ne vaut que s’il est partagé.
Le récit s’emballe. Un vaisseau spatial artisanal portera le nom d’une chanson de Springsteen, Thunder road. Si l’on cherche bien on retrouve dans ce voyage une esthétique à la Mario Bava, bien qu’on reste loin, très loin de la beauté visuelle de La planète des vampires. Mais la rencontre tant attendu avec les extraterrestres brise l’élan. Tout est affreux ou presque, un calvaire d’aller jusqu’au bout.
Inexorablement, Explorers évoque E.T. et perd absolument sur tous les plans. D’autant plus au niveau de ces personnages, enfants, comme adultes. Il suffit d’évoquer le personnage incarné par Dick Miller (l’habitué du cinéma de Dante) qui reprend peu ou prou celui que jouait Peter Coyote, chez Spielberg : soit un adulte, double du héros enfant, émerveillé lui aussi, mais qui arrive trop tard.
Le film a la mérite (quelque peu suicidaire) de mettre le spectateur au diapason de ses personnages, finalement déçus par leur voyage qui les mène à rencontrer des extraterrestres pathétiques, fan de pop culture terrienne, dont un qui n’a pour seules lignes de parole des répliques de films ou de pub. Des gamins humains qui rencontrent des gamins aliens fascinés par les humains au moyen de leurs programmes télévisés.
Revenons à la conception : C’est le colossal succès de Gremlins qui offre à Joe Dante tous les pouvoirs. La Warner l’approche pour lui confier Batman (qu’hérita finalement Burton) mais c’est la Paramount avec le scénario d’Explorers, signé Eric Luke, qui attire son attention. Même Wolfgang Petersen, qui sort de L’histoire sans fin, est mis sur la touche au profit de Joe Dante. Tout est là. Mais le film est un échec cuisant.
Le film est raté, la construction chaotique, le scénario inachevé, les effets spéciaux à peine finalisés, les décors torchés à la va-vite. Curieux, tant le film abrite tout un tas de prodiges de la technique. En réalité, la sortie d’Explorers est avancé par le studio et les nuits blanches en salle de montage ne suffiront pas : le film est mal-fichu, charcuté de partout. Dante devait en faire une version director’s cut, mais le négatif n’existe plus.
Explorers reste néanmoins un film de Dante, ne serait-ce que dans sa volonté de brouiller les pistes du rêve et de l’imaginaire hollywoodien, de casser les codes du film familial et des croyances enfantines. Voici ce qu’en dit Dante lui-même : « Ben espérait apprendre les secrets de l’univers et en fin de compte, il n’obtient qu’une copie carbone de lui-même. C’était un concept assez peu spielbergien… en fait, c’est de l’anti-Spielberg. Le film va contre l’idée qu’on regarde les étoiles en y cherchant Dieu, alors que tout va bien ici et maintenant. Et le public a été déçu, comme l’étaient les enfants dans le film. »
JanosValuska
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le 16 janv. 2021

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JanosValuska

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