Extraction, Steven C. Miller, U.S.A, 2015, 1h22

Trois ans après ce qui ressemble à son œuvre la plus aboutie (‘’Silent Night’’), Steven C. Miller prend une nouvelle orientation des plus intrigantes. Il passe en effet d’un cinéma horrifique gore, parfois cradingue, maladroit mais généreux, au film d’action. Mais attention, pas n’importe quel genre d’actioner : de la bonne grosse Série B qui tâche.
Révélons immédiatement l’arnaque, bien que crédité en second sur l’affiche, Bruce Willis apparaît tout au plus 20 minutes, et n’attendez pas à voir un Bruce Willis des grands jours. Retraité en PLS depuis plusieurs années, il semble avoir totalement cessé de jouer la comédie, et se contente de vendre son nom dans des petites productions, dont il doit ponctionner une bonne partie du budget. Depuis 2014, il est apparu dans pas moins de 22 projets… 
Souvent médiocres et généralement mineurs, qu’il est triste de voir se vautrer un acteur si sympathique, aux choix passés pourtant passionnants, s’adaptant à des cinéastes de talents ! Les yeux vitreux, la démarche fatiguée, la voix tremblante, il fait plus de peine qu’autre chose. Pourtant, il n’a pas terminé son étrange parcours d’impressionnante destruction massive de carrière et de crédibilité, puisque pour les deux ans à venir il est crédité dans 15 productions, dont un obscur ‘’McLane’’ dirigé par Len Wiseman…
Bref, cessons là de nous faire du mal. Du fait, le comédien qui porte le film est en réalité Kellan Lutz, un transfuge de la saga ‘’Twilight’’ qui comme le reste des personnages secondaires peine à se trouver une carrière décente, à juste raison cependant. Son jeu des plus limités ne mène pas très loin et son physique passe-partout le rend totalement invisible. Cette transparence, doublée par un manque de charisme évident, ne parvient jamais à convaincre.
Fondamentalement très classique, le scénario de ‘’Extraction’’ ne propose pas grand-chose en termes d’originalité. Alors, dans le cas d’une Série B assumée ce n’est pas bien grave, puisque ce qui est attendu ce sont les éléments qui permettent de divertir, tout téléphonés soient-ils. Pour le coup, ils demeurent au rendez-vous, mais sont mollement portés par un casting vraiment aux fraises. Sans être à cheval sur la cohérence, un minimum d’honnêteté intellectuelle, par respect pour les spectateurs, n’aurait pas été du luxe.
Néanmoins, dans la forme ‘’Extraction’’ se révèle plutôt correct, avec sa mise en scène nerveuse et parfois inventive. On retrouve le côté ‘’brouillon’’ des précédentes œuvres de Miller, même si ici la maîtrise se fait sentir. Le film ressemble de fait à un exercice de style, plus qu’à une expérience de cinéma, même pleinement Bis. Le cadre ‘’mainstream’’ de l’intrigue et du projet semble peu convenir à un cinéaste ayant habitué son audience à des œuvres plus simples, pour un public de niche, certes, mais généreuses dans l’horreur visuelle.
Il est alors difficile de juger cette production au casting vraiment pas terrible, au budget minuscule (12 millions de $) avec une réalisateur qui retourne à la case départ, pour apprendre un tout nouveau savoir-faire. Il ne semble pas encore tout à fait à son aise avec un genre plus policé, contrairement à la première partie de sa carrière. En résulte une œuvre mineure (il ne faut pas s’attendre à beaucoup plus en même temps) et oubliable (ça c’est dommage).
Seules les vingt dernières minutes valent vraiment le détour, même si le retournement de situation complètement pipé est prévisible dès les premières minutes du film. Steven C. Miller semble se faire plaisir par le biais d’une violence particulièrement brutale des plus bienvenues qui manquait un peu, et rappelle sa patte, indiquant qu’il n’oublie pas le genre duquel il vient. Sur 1h22, c’est bien maigre pour satisfaire les aficionados de Séries B toutes pétées, mais quand il n’y a plus rien dans le tiroir, en vrai, ça peut faire l’affaire.

-Stork._