En terme de ressenti "objectif", j'aurais attribué la moyenne à "Fallait pas".
Mais j'ai choisi de rajouter 1 point supplémentaire au sixième long-métrage de Gérard Jugnot : parce qu'il s'agit d'une comédie. Une comédie qui se tient, en dépit de son aspect inégal, de ses maladresses et de ses insuffisances.
Et c'est sans doute le genre le plus difficile au cinéma, le plus exigeant, le plus impitoyable.
D'autant qu'à titre personnel, je ne suis pas spécialement bon public en la matière : rares sont les comédies qui parviennent vraiment à me donner le sourire.
Dernier point qui m'incite à l'indulgence : la comparaison avec ses équivalents contemporains. La plupart des comédies grand public actuelles sont d'un niveau désolant, et n'hésitent pas à se complaire dans la vulgarité et les gags en dessous de la ceinture, des écueils que Gérard Jugnot évite soigneusement 95% du temps.
Alors certes, "Fallait pas" n'est pas un film désopilant, ni une pochade hilarante qui viendrait se positionner parmi les standards du genre.
C'est une comédie un peu moyenne, très grand public, mais d'un niveau honorable, grâce à son rythme efficace, à ses dialogues plutôt soignés et à son indéniable créativité : Jugnot tente énormément, propose 10 gags à la minute, et se plante parfois.
On pourra ainsi trouver le héros inutilement glapissant, certaines péripéties ou personnages sans grand intérêt, et quelques gags un peu téléphonés. Et la chanson du générique, signée Renaud, ne convainc pas.
Quant au scénario, il évoque le théâtre de boulevard, avec ses quiproquos, son comique de situation et ses répliques déclamées sur un ton un peu artificiel.
Mais l'ensemble s'avère sympathique, à l'image de son réalisateur, et de sa galerie de personnages pittoresques, parmi lesquels on retiendra plus particulièrement Jean Yanne et Martin Lamotte en duo d'escrocs mal assortis, Micheline Presle entonnant "New York, New York", ou encore le méconnu Jacques Jouanneau gentiment porté sur la bouteille. Sans oublier les brèves apparitions de Thierry Lhermitte, Pascal Elbé… et d'un certain David Douillet!