Les films d'action français ne courant pas les rues et la guerre streaming/cinéma faisant rage, l'apparition de Farang dans nos salles obscures est devenu pour ma part une attente fébrile. Si le fait qu'il soit réalisé par Xavier Gens ne m'a cependant pas enthousiasmé, il faut quand même reconnaître au bonhomme un amour sincère pour ses créations (même si certaines, comme Hitman, se sont révélés être douloureuses à accoucher) et une réalisation avec du cachet.
En ce qui concerne Farang, Gens est d'abord parti d'une frustration après son visionnage de Only God Forgive : l'impression d'un manque de castagne, malgré le cadre thaïlandais somptueux. Cette envie perd un peu en entrain avec l'arrivée d'une Prière Avant L'aube, où Gens se dit que tout vient d'être dit en un film, mais elle persiste quand même dans son esprit. C'est finalement la rencontre avec Gareth Edwards sur le tournage de Gangs Of London qui donne le feu de la création à Gens, profondément marqué par sa manière de filmer l'action. Pour lui, il est désormais impensable que la France ne sache pas non plus filmer de la castagne bien violente saupoudré de muay-thai.
Et d'emblée, Farang se révèle être notre The Raid français. Malgré un budget de 4 millions, Gens dépêche l'action designer de Gareth Edwards, l'amateur d'acupuncture de Only God Forgive, et surtout l'acteur Nassim Si Ahmed pour le rôle principal. Si ce choix s'avère inattendu, l'acteur, anciennement médaillé de kickboxing, se donne corps et tripes pour le projet. Résultat final ? Un revenge movie gore, violent et spectaculaire, dont l'économie de moyen évite la surabondance de combats et rend encore plus intense l'acte final tant attendu.
1h30 de chorégraphies démentes, de plongées dans une Thaïlande tantôt paradisiaque, tantôt embourbée dans sa criminalité, et un Olivier Gourmet terrible en antagoniste... Farang n'a pas à rougir de la concurrence, et malgré un scénario simple, il se permet une générosité et une inventivité sans bornes, fruits de l'apprentissage de Gens aux côtés du maître Edwards.