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le 21 mai 2014
Le rouge et le noir.
En grand fan juvénile de Steve Buscemi, j'ai découvert "Fargo" à l'âge de treize ans et le verdict fut sans appel: je me suis fais chier comme un rat mort, n'y trouvant pas la violence décomplexée...
Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
Fargo est un film des frères Coen sorti en 1996.
On y suit Jerry Lundegaard, un père endetté incarné par William H. Macy, qui tente d'escroquer son riche beau-père en faisant enlever sa femme par un duo de bandits (Steve Buscemi et Peter Stormare, inoubliables) contre une rançon. Cependant, l'affaire tourne rapidement très mal, provoquant la mort de plusieurs personnes innocentes. En parallèle, on suit la policière Marge Grunderson (interprétée par l'excellente Frances McDormand), enceinte, qui enquête sur l'affaire.
Le film a reçu le prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1996 ainsi que deux oscars, celui du meilleur scénario original et celui de la meilleure actrice pour Frances McDormand, premier d'une série de trois. Une série se déroulant dans le même univers a également été crée en 2014.
J'avais déjà vu The Big Lebowski et La Ballade de Buster Scruggs, deux films que j'avais plutôt apprécié, mais Fargo est un véritable coup de coeur, mon film préféré des Coen pour l'instant. C'est un portrait de la connerie humaine, la vraie, celle qui fait des dégâts, celle de ces personnages minables qui détruisent tout et tout le monde (et s'humilient) simplement pour de l'argent ou pour d'autres buts égoïstes. Les acteurs sont géniaux, le duo Steve Buscemi - Peter Stormare est à la fois hilarant et effrayant (surtout Peter Stormare, qui ressemble vachement à Bruce Willis), William H. Macy dans le rôle principal est délicieusement pathétique et détestable.
La mise en scène est d'une efficacité redoutable, elle met parfaitement en valeur ce décor récurrent qu'est cette route en ligne droite au milieu de la neige, une sorte d'enfer blanc qui symbolise l'obstination insensée de ses personnages, l'enfoncement inexorable dans l'horreur et les recoins les plus minables de l'humanité. Plusieurs plans symboliques traduisent bien l'impasse morale dans laquelle s'enfoncent les personnages, plusieurs scènes sont cultissimes et resteront gravées dans ma mémoire. Tout cela est hilarant, mais aussi effrayant, car même si ce qui se passe est totalement improbable et insensé, la mise en scène et le scénario donnent le sentiment qu'une histoire pareille pourrait se dérouler dans la vraie vie (le carton "Inspiré d'une histoire vraie", même si il nous ment, est là pour nous le rappeler).
Ainsi, en comparaison, le personnage de Frances McDormand, qui paraît assez simple (même si elle est d'une grande perspicacité dans l'enquête) est le plus humain et le plus attachant de tous, la description de son quotidien (l'admirable jeu de Frances McDormand, qui donne à son personnage des expressions et une démarche aussi drôles que profondément humaines, faces aux grimaces et sales gueules des arnaqueurs) et de celui des habitants ordinaires de Fargo ancrent le film dans une réalité (et les dialogues, souvent très banals), et rappellent l'importance de faire attention à ses proches, au quotidien, à ses petites choses, surtout quand tout s'emballe et devient incontrôlable.
Et si il y a plein de nombreux dialogues lunaires et hilarants, les paroles qui marqueront seront celles, toutes simples, de Frances McDormand à la fin, s'adressant au bandit qu'elle vient d'arrêter : "Il y a des choses plus importantes que l'argent dans la vie. Vous ne le saviez pas ? Je ne comprends juste pas."
Il n'y a pas à comprendre, juste à rire pour ne pas pleurer.
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Créée
le 24 mai 2023
Critique lue 39 fois
10
le 21 mai 2014
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