Comme dans Le Maître de musique du même réalisateur, l'ambiance prime sur l'histoire mais les deux restent vitales. Possesseur d'une façon unique de faire voyager dans le temps et la musique, Corbiau fait son film tout comme il relate que Haendel composait : en remplissant les accords, sans superflu. Lumière, costumes, accessoires, diction, tout témoigne de l'héritage télévisuel du cinéaste mais ne laisse plus voir ce qu'il fait pour le transformer en cinéma. Alors c'est chargé, mais pourtant intimiste. Un peu comme du Zorro où les aventures deviennent des intrigues et les combats des partitions. Une ambiance qui me ramène à mon enfance, donc forcément, j'aime bien.
Et bien sûr, il y a la musique. Choyée avec une confiance qui reproduit la prouesse d'un playback plus que convaincant, cette fois-ci en mêlant la voix d'un ténor et d'une mezzo-soprano pour créer la voix de castrat (on peut faire ça ?). C'est elle qui raconte la vraie histoire, lissant un montage parfois un peu abrupt grâce à sa longue exploration d'une beauté désuète. On en oublie presque que les voix d'antan n'ont jamais plus été entendues après le départ de leurs détenteurs.
→ Quantième Art