F&F, une étude intégrale, 8/8 : Oncle Toretto, raconte-moi une histoire

[Avec plus de 5 milliards de recettes, F&F figure dans le top 10 des sagas les plus rentables de l’histoire du cinéma. L’occasion de pleurer sur le septième art, de se questionner sur ce qui fait son succès, ce qu’il dit du monde qui la plébiscite et de son évolution au fil des exigences fluctuantes du box-office. Une saga critique en huit parties]


A l’heure actuelle, la saga F&F se compose de huit volets : huit chapitres plus ou moins autonomes qui, mis bout à bout, nous font de bien belles tranches de vies. Retour sur les destinées hors norme de nos racers ordaliques.


Parlons d’abord structure : Le premier volet voit la rencontre entre quatre personnages au cœur de toute la franchise future : Brian, le blond permanenté flic undercover, qui va se frotter à Vin Diesel, alias Dom Toretto, en couple avec Letty (Michelle Rodriguez) et pécho Mia, sa sœur-attention-zone-de-danger-touche-pas-à-la-famille-man.


Mais on navigue à vue, parque dans FF2 (sobrement intitulé 2 fast 2 furious), on laisse tomber le quatuor pour ne se concentrer que sur Brian le blond qui refait à peu près la même chose, mais retrouve un vieux pote black (Tyrese Gibson) qui sera, pour ceux qui ont suivi les chapitres précédents, est adepte des vannes, du fric et des « vaginal activities ».


Dans le 3 (Tokyo Drift), on décroche encore plus : ne reste que le titre et les personnages principaux, à savoir les bagnoles qui font vroum et souillent l’asphalte. Mais un personnage émerge, Han, qui meurt à la fin et reviendra dans le 4, ce qui implique qu’on considère que le 4 se passe AVANT le 3. Et comme Han revient aussi dans le 5 et le 6, il faudra élargir la parenthèse, mais après tout, pourquoi pas. C’est juste quand le héros du 3, Sean Boswell, réapparait 11 ans plus tard dans une jonction entre son épisode et le 7ème, que ça pique un brin de le voir en lycéen.
A partir du 4, donc, on retrouve notre quatuor plus ou moins torturé, qui va suivre deux trajectoires : celle de la rebellitude contre l’ordre établi, avec casses, flics et cartels qui leur collent aux basques et leur donnent autant d’occasions de prouver qu’en terme de course poursuites et furtivité, ils restent les patrons ; celle de la reconnaissance, avec une série impressionnante de désaveux / réintégrations qui les fait passer de parias, détenus en cavale à sauveurs du monde qu’on vient amnistier un épisode sur deux.


C’est l’avantage du charisme hors norme de nos héros : ils vous retournent comme des crêpes la majorité des antagonistes : la flic blonde Elena qui poursuit Toretto dans FF5 finit rapidement in love, tout comme Dwayne Johnson, un molosse du FBI qui rejoint la famille. Même l’ultra méchant du 7 (Jason Statham) finit avec un bébé Toretto dans les bras dans le 8, c’est dire.

Brian, le boy scout, fait des bébés et des dérapages, avant de partir (pour cause de décès de l’acteur dans un accident de voiture – qu’il ne conduisait pas -, permettant de loin l’audience la plus importante de son dernier volet, FF7), parachevant la philosophie très home sweet home de cette paradoxale saga.


Reste Toretto, le colosse originel, dont la destinée est digne de celle des temps bibliques pour la puissance, et de Sous le soleil pour ce qui est de l’intimité.
Jugez plutôt : tout pourrait être simple. Il aime Letty, son grand amour, qui se fait tuer.
En bossant pour des méchants.
Mais en fait, c’était pour le racheter auprès des fédéraux.
Mais en fait, elle est pas morte.
Mais en fait, elle est amnésique, et rebosse pour des méchants.
Mais en fait, ils s’étaient mariés secrètement, et un moment, elle en marre de pas se souvenir, et elle revient.
Mais en fait, lui entre temps il a pécho à la flic blonde, qui s’incline, c’est Letty quand même, elle a des débardeurs et elle sait changer un joint de culasse.
Mais en fait, c’est Dom qui finit par bosser pour les méchants.
Ah ben oui, parce qu’il avait un fils caché avec la flic blonde qu’elle voulait pas lui dire parce qu’il l’avait larguée et qu’elle préférait le laisser consacrer sa vie à sa vraie passion, le cambouis.
Mais en fait, une autre méchante kidnappe son gosse et donc Make-family-great-again-Toretto doit voler des missiles nucléaires.


Mais qu’on se rassure : tout rentrera dans l’ordre, et au passage, on va tuer la flic blonde (parce que bon, hein, Letty rules), on va nommer le gosse Brian en hommage au mort réel de l’opus précédent, et la famille pourra faire le bénédicité. C’est beau, tout de même. Les gars tombent d’une falaise et surgissent des flammes pour boire leur Corona, font mine de sa fâcher, mettent le monde en péril avant de distribuer les merguez autour du barbecue. Y’a là de quoi s’inspirer pour régler bien des conflits dans le monde.


A l’heure actuelle, on prévoit un 9ème et un 10ème volet pour la franchise, ainsi qu’un spin off sur Old Testament Hobbs et Shaw.


J’ai tellement hâte.

Sergent_Pepper
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Vu en 2018 et Fast & Furious, une étude intégrale

Créée

le 19 oct. 2018

Critique lue 1.4K fois

38 j'aime

6 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

38
6

D'autres avis sur Fast & Furious 8

Fast & Furious 8
Sergent_Pepper
3

F&F, une étude intégrale, 8/8 : Oncle Toretto, raconte-moi une histoire

[Avec plus de 5 milliards de recettes, F&F figure dans le top 10 des sagas les plus rentables de l’histoire du cinéma. L’occasion de pleurer sur le septième art, de se questionner sur ce qui fait...

le 19 oct. 2018

38 j'aime

6

Fast & Furious 8
Sullyv4ռ
4

Fisté Furieusement : Torettort de t'en priver...

Family v Furiosa Soyons clair, je ne voulais pas aller le voir ce film ! Dans ma tête c'était déjà fait, je ne ferai pas parti de ceux qui accouraient voir le film et c'était très bien comme ça ! Il...

le 30 avr. 2017

26 j'aime

11

Fast & Furious 8
archibal
7

Diesel Gate

Ca fait maintenant plusieurs années que la saga "Rapides et furieux" a trouvé sa vitesse de croisière avec une recette rodée et toujours aussi efficace. On commence par une séquence d'intro pied au...

le 14 avr. 2017

20 j'aime

4

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

765 j'aime

104

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

700 j'aime

49

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

615 j'aime

53