Au vu des premières critiques, j'avoue avoir été voir Fatal avec presque une certaine impatience, comme si j'avais envie de croire que Michael Youn pourrait m'épater. Bah faudrait que Première me file le numéro de son dealer, je cite : « avec son scénario super affûté qui distribue quinze vannes à la minute, Fatal n'a rien d'un coup marketing. ». Ah ? On n'a pas du voir le même film.
C'est dommage. J'avoue que le personnage de Fatal Bazooka est probablement celui qui m'a le plus intéressé, surtout vis-à-vis de la parodie du monde musicale actuel (qui mérite pour la plupart un gros coup de pied bien placé). Et pourtant il y avait quelques bonnes idées dans ce Fatal. Le début notamment est très bien trouvé, le côté bling bling et nichons que l'on peut voir dans la plupart des clips US est ici amené à son paroxysme et va clairement jusque dans l'excès. Mais, on le sait, Michael ne sait pas s'arrêter. Ses pitreries étaient pour la plupart drôle dans le Morning Live. Là, on assiste à un florilège de blagues qui creuse encore alors qu'elles ont déjà touché le fond. Ainsi donc, l'humour est un mélange de zizi, de caca, de nichons et de vomis. Alors oui, en temps normal c'est le genre de truc idiot qui me fait rire. Mais là on atteint un tel niveau que le film mérite simplement une facepalm d'or. Un exemple ? Fatal appuie sur le clitoris d'une statue représentant sa femme pour faire couler du champagne.
Mais commençons par le commencement. On se place dans ce qui à l'air d'être un futur ou un présent parallèle. Fatal règne sur le monde musical, il est le numéro « uno » comme il dit, jusqu'à ce que Chris Prolls, un pseudo David Guetta arrive et envoie l'ancien number one au fin fond d'une oubliette. Mais ce dernier s'est bien sûr montré nu sur scène et saoul avant de retourner dans sa Savoie natale. Car c'est la trame scénaristique du film. Si on peut appeler ça un scénario. Fatal, ou plutôt Robert Lafondue (original pour un nom savoyard n'est-ce pas ?) retourne, malgré lui, dans sa campagne. Et là où le film aurait pu prendre un tournant intéressant, il amasse cliché sur cliché, enchaînant les blagues d'une lourdeur ahurissante. Ainsi, une chute de Bazooka va donc durer facilement 3 bonnes minutes, alors qu'un gag de 10 secondes aurait largement suffit. Et, au lieu de s'attarder sur les origines de Fatal, on a une succession de 4 sketchs, avec une Armelle fade au possible et une sorte de mission qui n'a strictement aucun sens et n'apporte rien au scénario. Michael va pomper ici et là des références, notamment à Brüno, qui n'est pas le meilleur dans le genre.
Pour continuer dans le scénario, l'intrigue rappelle sous-Brice de Nice, c'est dire le niveau. La fin est bâclée et surtout, c'est du grand n'importe quoi, où tout est réglé en 5 minutes, montre en main et le film part dans des intrigues et sous-intrigues qui finalement n'aboutissent à rien. Comme l'histoire, aucun des acteurs n'a la mention passable tant ils sont, eux aussi, dans l'excès. Et Michael finit par se parodier lui-même. La fausse bogossitude (plus proche du Michael Vendetta qu'autre chose) de Stéphane Rousseau ne rattrape pas son non-humour, même si certains passages feront sourire (notamment la description du Bio). Et c'est là le plus gros défaut du long métrage. Accentuer le coté parodique du monde musical. Le moment le plus drôle du film étant la présentation des « Music Awards de la musique », avec donc en compétition Chris, Fatal, une jeune chanteuse R'n'B' tout droit sortie du Ghetto, effet de lumière inclus, et le jeune et sa guitare, sosie de Renan Luce, du nom de Gaëtan. Et à ce moment, on aperçoit une lueur d'espoir. Qui s'efface bien vite. C'est la première réalisation de Michael Youn. Et c'est à l'image du reste : catastrophique. Filmé constamment comme un clip de NRJ12.
Vous l'avez compris, Fatal porte bien son titre. Et comme le personnage du film, Michael, si tu me lis, il serait temps de se renouveler un coup, parce que là c'est fini. C'était drôle au début des années 2000, à l'époque du 6-9 et des débuts du Morning Live. Ca ne mérite pas plus de 1/10. Pour les 2 sourires esquissés sur 1h30 (le pire étant le public riant aux éclats et applaudissant aux exploits de l'ancien Bratisla Boys).