Après trois films étalés sur quatre ans, l’aventure Heaven’s Feel et la saga Fate/stay night dans son intégralité sont achevées. Fini. Terminé. Ça fait bizarre, quand on songe que le premier Fate/stay night, du studio Deen, est sorti en janvier 2006, il y a presque quinze ans (je me sens si vieux, d’un seul coup). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le studio Ufotable n’a pas trahi nos attentes et a même magnifiquement conclu toute cette aventure.


J’ai vu Fate/stay night : Heaven’s Feel III: Spring Song (trop long, ce titre, j’abrégerai en HF3 pour le reste de la critique) dans mon CGR lors de la séance unique organisée par Wakanim le 18 septembre dernier. Excellente expérience, si on excepte que le son était bien trop fort : le grand écran rendait justice à la qualité de l’animation. Je n’ai pas regretté le prix du billet.


C’est en effet ce qui m’a le plus marqué, et il faut bien que j’en parle : l’aspect visuel et l’animation. Vous souvenez-vous de la beauté de l’opus précédent ? HF3 place la barre encore un cran tout juste au-dessus. Avec un travail sur les couleurs et la composition de l’image, la plupart des plans ont leur charme propre. Mais ce qui marque encore plus l’œil, c’est l’animation en elle-même : dans la plupart des scènes, elle est fluide, naturelle et s’accorde bien avec la mise en scène. Et lorsque viennent les combats, les animateurs sortent le grand jeu : ça bouge dans tous les sens avec une propreté exemplaire, tout en restant bien plus compréhensible que ne l’était le duel Saber-Berserker de HF2.


Toutefois, il faut bien signaler une ombre au tableau : la CGI. Certes, Ufotable maitrise bien mieux la CGI que beaucoup d’autres studios, certes, mais même pour eux, il y a des moments où il faut s’avoir s’arrêter et ne pas incruster cette putain d’image 3D dans une animation en 2D. La version 3D de Berserker, puisque c’est à ça que je pense en particulier, n’était vraiment pas agréable à regarder.


Mais si le film était seulement beau, sans rien avec, on s’émerveillerait dix minutes, puis on se ferait profondément chier. Or non, on ne s’ennuie pas une minute tant le rythme est bien géré, si bien qu’on ne voie pas passer les deux heures de visionnage. Du combat à la révélation, de la révélation à l’action, les scènes s’enchainent naturellement et ne laissent pas au spectateur le loisir de bailler.


Toutefois, des maladresses de scénario viennent en partie briser ce rythme, même si l’histoire réussit souvent à reprendre le spectateur dans sa course. Des parties de l’histoire trop peu expliquées entrainent une incompréhension ; j’ai personnellement dû relire un résumé du visual novel pour comprendre certains éléments. A cause de ce manque d’explications, des situations qui n’étaient peut-être pas des facilités de scénario apparaissent comme telles pour qui n’a pas lu le visual novel ; tel personnage que l’on croyait mort revient sans que l’on sache comment (Zouken et, dans une moindre mesure, Kirei), tel autre qui n’avait pas participé apparait, comme s’il s’était téléporté (Illya).


Ces maladresses sont le premier reproche que je fais au film et m’ont dérangé pendant mon visionnage. Sans cela, j’aurais sans doute mis pour ce troisième film une note supérieure à celle que j’avais attribué au deuxième.


Puisque j’en suis aux défauts, le second reproche que j’ai à faire au film la masturbation intellectuelle de Kinoko Nasu. Au cours du film, on a droit a des échanges sur le bien et le mal dont la vacuité n’a d’égale que la prétention et l’excessive longueur. « Gnah gnah gnah, j’ai pas d’émotions, gnah gnah gnah, est-ce qu’Angra Manyu c’est ce qu’est le mal ? » Le premier dialogue du genre est déjà chiant, mais on a en plus droit à un deuxième vers la fin du film, encore plus nul que le premier. Je ne veux pas m’interroger sur la capacité qu’ont les films à traiter de sujets philosophiques, mais simplement constater que HF3 le fait de la pire façon qui soit. Les dialogues sont sans intérêt et si pauvres qu’on se dit qu’un lycéen pourrait faire mieux sans difficulté.


Je voudrais toutefois finir sur une note positive : les personnages. Parmi ceux-là, trois se distinguent : Shirou, Sakura et Illya. Certains me diront aussi Kirei, mais ce dernier est discrédité à mes yeux à cause des discussions qu’il initie au cours du film (cf. le paragraphe juste au-dessus). Pour moi, donc, HF3 est le film de ces trois personnages, puisque Sakura y achève son développement, après dix ans de persécution par la famille Matou, que le lien fraternel entre Shirou et Illya se concrétise et que Shirou parvient au bout de son cheminement, le menant à abandonner l’hypocrisie avec laquelle il parvenait encore à se convaincre, dans les arcs précédents, qu’il était un justicier pour suivre son chemin propre et agir pour Sakura.

imperosol
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le 24 sept. 2020

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