Kevin Spacey, l'acteur aux deux Oscars, a fait beaucoup de chemin depuis Usual Suspects et American Beauty, seul inconvénient, il a fait ce chemin sur place. Il nous aura bien servi l'un des meilleurs méchants de l'histoire du cinéma dans Seven, mais pour le reste il s'est embourbé dans son rôle de vilain, allant même jusqu'à s'auto-parodier dans Frère Noël, affirmant l'impression que maintenant qu'il a eu ses statuettes il n'en a plus rien à foutre de sa carrière. C'est donc avec un certain plaisir, mais aussi beaucoup d'appréhensions, que l'on attendait ce Father of Invention qui s'est largement crashé outre-Atlantique. Ecrit et réalisé par Trent Cooper, auteur presque anonyme, cela n'avait rien pour rassurer, mais heureusement la surprise est au rendez-vous, nous servant quelque chose de sympathique, distrayant, et très souvent hilarant.
Cooper, qui s'attaque ici au thème de l'homme repenti qui sort de taule, essaie de retrouver une stabilité et renouer avec sa fille, n'a heureusement pas eu de grandes prétentions, et plutôt que de s'aventurer sur un terrain moralisateur il s'est contenté de nous servir une comédie bon enfant avec tous son lot de personnages secondaires loufoques et hauts en couleurs (la partie avec sa fille est d'ailleurs survolée et va au plus simple).
D'ailleurs toutes les scènes glissant sur la pente du dramatique sont toujours rattrapées par des répliques acerbes et amusantes, affirmant sa volonté de servir une comédie et non un pamphlet rébarbatif ou un pseudo film d'auteur foireux.

Bref, Father of Invention est une production dans l'air du temps, dégageant une bonne humeur véhiculée par un Kevin Spacey à l'aise dans son rôle de milliardaire devenu plouc. L'ensemble suit un schéma assez classique sans gros rebondissements, mais le contenu lui-même est suffisamment important pour ne pas laisser place à l'ennui, ce qui est évidemment l'élément indispensable pour éviter de nous servir quelque chose de rébarbatif.
Cooper a eu un immense coup de bol, réussissant à réunir un casting surprenant, dont certains semblaient tombés dans l'oubli, mais profitant de leur présence pour s'éclater dans une synergie façon La Machine à démonter le temps. On retrouvera Johnny Knoxville en chef de rayon de supérette, mais aussi Craig Robinson, John Stamos (les filles qui ont connu La fête à la maison peuvent hurler) mais également Virginia Madsen, pour laquelle la vie post-Candyman aura été un véritable enfer, enchaînant les navets, avant de revenir ces dernières années dans des productions plus ambitieuses et plus réussies (dont le fameux Sideways). Ça sera d'ailleurs un vrai plaisir de la voir interpréter une chanson a capella, complètement fausse, accompagnée par Craig Robinson au piano, lors du générique de fin.
Pour conclure, les amateurs de comédies à l'humour piquant qui n'essaient pas de péter plus haut que leur cul auront de quoi se divertir pendant un bon moment. A l'inverse, ceux qui auraient aimé un traitement plus philosophique du sujet resteront sur leur faim, le tout n'ayant ni vraiment de morale, ni vraiment de message.
Mention spéciale pour Kevin Spacey, qui visiblement semble s'amuser dans son rôle. Certes il ne tient pas là son personnage le plus complexe et le plus dur à travailler, mais tout le monde a le droit de continuer à tourner dans des produits légers — mais pas mauvais — afin de se reposer les neurones et profiter de son fric.
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le 8 nov. 2011

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