La malédiction de la sorcière Sarah Fier se poursuit en nous envoyant cette fois à une étape décisive de son historique sanglant : le massacre de 1978 au camp d'été Nightwing ! Après un retour au présent servant à confronter la survivante brisée par ces événements aux questions des héros du premier film (en peu de temps à l'écran, l'interprétation de Gillian Jacobs parvient à marquer les esprits avec ce personnage à jamais prisonnier de ses traumatismes), les souvenirs de cette inconnue vont comme prévu nous faire remonter le temps dans un univers de colonie de vacances évidemment t.très inspiré de la saga "Vendredi 13" mais qui se doit aussi d'apporter du grain à moudre à la mythologie surnaturelle mise en place dans le premier volet.


Seulement là où "Fear Street: 1994" nous avait immédiatement embarqué par la frénésie de son rythme et l'effet de surprise provoqué par la dimension fantastique qu'il mêlait au slasher traditionnel, la mise en place de ce camp d'été en 1978 et de ses protagonistes va avoir bien plus de mal à retrouver la même énergie. Malgré une panoplie d'artifices très similaires dans le traitement (l'approche un peu décalée, le caractère vif des dialogues collant de manière idoine à la cruauté de ces jeunes qui ne mâchent pas leurs mots ou la bonne B.O. d'époque balancée à la façon d'un juke-box incontrôlable), "Fear Street: 1978" se retrouve un bon moment écartelé entre l'obligation de présenter ce nouvel univers, ainsi que les multiples conflits qui le gouvernent, et la nécessité de rappeler certains éléments de l'histoire déjà installés comme le passif des rivalités de cette communauté divisée ou les éléments d'époque de la malédiction.
Cela fait beaucoup et sans doute trop pour l'exposition d'un tel slasher et, même si, grâce à cette ambition, "Fear Street: 1978" parvient malgré tout à développer son propre ton et la spécificité de ses héros dans ce cadre pourtant très référentiel de Vendredi 13-like, le film n'évite pas l'écueil de la redite quand il s'attarde sur les fondations de sa mythologie préétablie. En ce sens, le curieux choix de séparer longuement certains personnages, et par cet intermédiaire établir une frontière entre l'exploration de l'aspect surnaturel de l'intrigue et ses conséquences de slasher classique, ne sera pas l'option la plus habile pour permettre au film d'affirmer une exubérance aussi directe que le précédent.


Car c'est en effet bien dans leur mélange des genres que les "Fear Street" sont décidément les plus jouissifs !
Une fois que ce deuxième volet se décide véritablement à faire percuter ensemble toutes les facettes de son récit, sa narration retrouve soudain la même fougue attractive que "Fear Street: 1994", le surpassant même parfois dans ses éclats de violence les plus inattendus (on regrettera néanmoins que le choix osé de prendre parfois pour cible des enfants se traduisent par des meurtres hors du champ de la caméra), notre attachement à ses héroïnes (les développements autour de la relation difficile entre les deux sœurs sont notamment très bien exploités) et les trouvailles pour maximiser sans cesse la montée en puissance d'un danger que rien ne semble décidément pouvoir arrêter. De plus, ce récit en 1978 s'achèvera sur une séquence d'une étonnante noirceur, traduisant avec une terrible justesse graphique toute l'ampleur de la tragédie personnelle en train de se jouer pour les victimes en son cœur, et apportera bien entendu des éléments de réponse sur la manière de résoudre la situation du présent qui, elle, sera relancée par un twist certes facile mais réellement alléchant quant à la direction très différente choisie pour le troisième et dernier film.


En définitive, malgré des maladresses de départ plus importantes, "Fear Street: 1978" parvient à conserver le même capital de sympathie instauré par son confrère de 1994 tout en évoluant dans un contexte différent qui témoigne à nouveau d'un respect et d'un amour sincère des classiques du genre. Certes, tout ce qui concerne la malédiction au sein de la saga apparaît encore assez futile pour engendrer une totale adhésion au-delà d'une amusante revisite du slasher en général mais ce prétexte scénaristique est utilisé à bon escient afin de permettre à la trilogie de se renouveler de film en film à travers des variations n'oubliant jamais la simplicité généreuse que peut représenter ce type divertissement à mi-chemin entre pure nostalgie et relecture moderne. On sera là pour le troisième film, à ne pas en douter.

RedArrow
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le 10 juil. 2021

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