L'actrice qui joue la maman elle est trop belle ou quoi

J'avais une heure à tuer ce dimanche après-midi, j'ai scrollé sur mycanal et j'ai trouvé ce film avec sa drôle d'affiche. Le synopsis évoque une famille un peu bohème avec une gamine timide, rêveuse et légèrement mal dans sa peau. Encore un film français chiant de bobos me dis-je ! (Non en vrai je me suis pas dit ça, mais c'est pour le storytelling de cette critique que personne ne va lire de toute façon...bref). Et bah non c'était super bien putain ! J'ai retrouvé un peu l'ambiance de La Cérémonie de Chabrol, avec Sandrine Bonnaire et Isabelle Hupert qui tuent une famille de bourgeois en Bretagne (c'est sur c'est un peu inspiré). Pareil on est dans une maison de bourgeois en Bretagne et un moment il est question de meurtre de bourgeois (c'est pas un spoil), mais à part ça le film n'a rien à voir, et il est bon pour d'autres raisons.


Bon déjà commençons par le plus simple et le plus évident : les acteurs sont très bons. On sent une véritable alchimie entre les trois membres de cette famille bohème et marginale, interprétés par Pio Marmaï (Tim, le papa), Camille Rutherford (Chloé, la maman trop belle) et Rita Merle (Tommy, la fille qui est en vrai la fille du réalisateur Bruno Merle xD). D'ailleurs leurs rôles familiaux sont l'inverse d'archétypaux, et on le remarque dès la première scène dans laquelle Tim prank sa fille et lui fait croire que son vrai père c'est en réalité Orelsan (qui fait ça), et d'ailleurs on y reviendra sur les prank parce que c'est une procédé très intéressant qui ressurgit plusieurs fois.


Et cette alchimie donne lieu a de véritables moments sacrés et intenses entre les personnages, à laquelle participe très certainement le charme incroyable de Camille Rutherford, que je ne connaissait pas mais qui est trop belle. Elle est trop belle quoi c'est impossible de pas tomber amoureux d'elle tellement elle est belle. Elle est vraiment belle. Je développe pas mais quasiment chaque scène est touchante avec cette petite famille à la ramasse.


Et comme promis je reviens sur les prank. Ce qui fait que le film est excellent et pas seulement bon, c'est justement les prank. Les personnages s'amusent à se pranker, à faire croire à l'autre quelque chose de faux pour le piéger. La première fois c'est l'histoire d'Orelsan, et la deuxième fois c'est Chloé qui fait croire à Tim que plus jeune elle a tourné des vidéos pornographiques qui ont aujourd'hui fuité sur internet. Sauf que du coup quand elle le prank on y croit aussi, on est comme Tim persuadé que ce qu'elle nous dit est la vérité. Là ou c'est fort, c'est que quand elle annonce le pot aux roses, on est soulagés, alors qu'en réalité on regardait un film donc même si l'histoire était vrai dans le film, elle reste fausse, ça reste une fiction. Et c'est là que c'est génial, parce que c'est une mise en abyme du cinéma. C'est génial parce que ça révèle une chose sur le cinéma, et probablement sur l'art et la fiction en général : la seule réalité au cinéma, c'est la réalité de l'émotion suscitée. Le coup de force du cinéma est de rendre vraisemblable quelque chose que le spectateur sait être faux. Nous savons tacitement que le film nous ment en permanence, et pourtant il nous touche et il nous affecte comme si ce qu'on y voyait était la vérité. Plus tard dans le film, Tim ira quand même demander à un de ses amis s'il a vu les vidéos de sa femme sur internet. C'est donc que, peut-être, c'était vrai. Le film laisse un espace à cette possibilité qui de toute façon est chimérique et n'existe pas dans l'absolu. Dans l'absolu du film peut-être mais le film n'est qu'une succession de plans, il n'a pas de réalité propre. Le spectateur a donc le loisir de s'imaginer si oui ou non des vidéos olé-olé de Chloé tournent sur internet, et ne peut que se fier aux expressions des personnages pour attester ou non de cette hypothèse. Ça a l'air d'un détail mais c'est l'essence même du cinéma : le film nous suggère des réalités différentes qui, selon l'hypothèse que l'on va choisir de privilégier ou non, donnent une certaine lecture sur la suite des événements du film. Ce procédé est ensuite décliné avec le concept de "noeuds", quand l'astronaute Orelsan dit à Tommy qu'elle peut choisir entre rester dans la voiture et aller voir ce qui se passe. Le film montre les deux possibilités. Laquelle est la vrai ? Peu importe, le film nous a fait vivre deux expériences qui de toute façon sont fausses puisque fictionnelles, mes les émotions que l'on a ressenti sont réelles, et elles ne sont pas effacées par une éventuel démenti postérieur.

JérémieGarret
9
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le 12 déc. 2021

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