Sortons un peu le chat de Schrödinger de sa boîte et laissons Carlos Segundo en construire une sur-mesure pour ses spectateurs. Lui, qui est porteur de réflexion et de croyance, apporte un peu plus de lumière à ses interrogations. Il en vient même à se rendre à en un lieu géographique zénithal, afin de mieux explorer les possibilités qui gravitent autour du sujet de la physique quantique. L’entropie s’invite alors, avec toute la matière que l’on a à disposition, notamment dans l’écran, constituant le socle d’une boîte, où l’on se permet de réinventer chaque pas que l’on fait en avant. Et c’est grâce à quelques fentes, par lesquelles il nous sera permis d’entrevoir et d’interpréter la symbiose entre l’image et le son, que l’on appréhendera une expérience sensorielle à la fois intime et nécessairement politique.


Nous retrouvons ainsi Catarina (Roberta Rangel), la chercheuse et un fragment évident du cinéaste à la recherche d’une communion. Il ne s’agit pas simplement du personnage avec son passé, son présent ou son futur. Il existe un ensemble, où des fentes viennent simplement ronger le cadre. Le film laisse ainsi de l’espace au spectateur et en appelle à son éveil spirituel, en changeant constamment de point de vue et d’angle d’attaque. L’œuvre ne cesse de se mouvoir d’une inertie, qui renforce ce processus constant de modification ou de transformation. Le temps et l’espace demeurent les repères de la conscience, mais qu’en est-il du son, qui pèse sur notre environnement ? Catarina confronte cette sensation avec des arrêts sur le temps et des arrêts sur image. Et de ce constat, que pouvons-nous induire de cette cristallisation, de ces points fixes ? Le film entend progresser par un mouvement et malgré le rythme et les plans fixes qui s’allonge, de nouvelles perspectives et dimensions peuvent s’offrir à nous.


Pourtant, la simplicité du concept séduit, pour peu que l’on s’abandonne au doute et qu’on le laisse nous guider. Nous revenons constamment à la même matière, mais qui prendra un sens nouveau à chaque étape. D’une salle de cours à la visite d’un musée, en passant par des monuments de la ville de Natal, nous nous raccrochons à une réalité que l’on remodèle, sous l’impulsion du moment. Les sentiments du personnage ne sont là que pour poser une base. Et le spectateur devra accorder autant d’effort pour compléter le tableau, qui suinte l’anomalie. Quelque chose de dérangeant laisse perplexe, mais jamais le passé ne serait révolu. Le patrimoine en témoigne, tout comme une bouteille vocale lancée à la mer. Une réponse se fait attendre, mais ne sera jamais suffisante pour marquer l’empreinte du réel ou alors de la vie elle-même, qu’elle soit de nature biologique ou physique.


C’est donc avec un audacieux travail de création que « Fendas » nous invite à partager ses valeurs, autour d’une structure en mouvement. Cela requiert évidemment une sensibilité qui ne sera pas accessible à tous et à toutes, mais avec un peu d’attention, tout le monde ressortira avec un peu plus d’intuition pour comprendre Segundo. De même, il est important de replacer le contexte du récit vis-à-vis du gouvernement brésilien actuel, qui feinte de préserver la richesse culturelle, éducative et artistique qu’il possède. Et comme le soutient le réalisateur, la meilleure expérience et espérance de vie du film résonnera davantage en salle. En espérant qu’il trouvera avant tout un acheminement vers des regards patients et curieux.

Cinememories
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le 9 févr. 2021

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