Fifi ou les Célestes Amours de Sophie

Le film de Jeanne Aslan et Paul Saintillan relève du pointillisme contemplatif et de la joie du moindre.


Sophie une jeune fille de 15 ans vit dans l’agitation épuisante de son milieu social, le désordre chaleureux et l’horizon un peu clos d’une famille nombreuse de cinq enfants. Son beau-père et sa mère -respectivement interprétés par le toujours éminemment charismatique François Négret et l’incroyable créature Chloé Mons à mi-chemin entre une Madonna qui se serait reconvertie en excellente actrice et l’abattage ultra-vérace et sauvage de Béatrice Dalle. Avec ces deux acteurs porteurs d’une singularité détonnante et généreuse , « Fifi » donne le ton et entraine dans une frange peu convenue du cinéma contemporain. On pense à la pulsation libre d’un film comme Alabama Monroe ou les rives d’un cinéma hors du temps. Fifi tout en étant bien planté dans un naturalisme contemporain a quelque chose de désuet ou de neutre. Une désuétude dans l’absence de typologie sociale trop marquée qui fait glisser le film vers un temps qu’il s’approprie lui-même.


Sophie( Céleste Brunnquell vraiment céleste) est dans cette famille celle sur qui on peut compter pour acheter des clopes et ne rien demander. Fifi ne parle pas beaucoup, cherche le calme, la pause, la solitude, la maturité, le recueillement.


Elle rencontre une ancienne amie de collège sur le départ des vacances avec sa famille riche, arrive à subtiliser leurs clefs et va se ressourcer chez eux juste pour jouir enfin de l’espace et de l’indolence de son âge.


Le frère de son amie ( Stéphane-Quentin Dolmaire grand dans « Synonymes »), le fils de famille de la maison riche revient travailler ces mois de vacances et surprend Fifi chez lui. Commence alors entre Fifi et Stéphane une patience de gestes et mots, tels des arcs-en-ciel, des apprivoisements très fins de leur propre difficulté à être.


Tout est traité avec délicatesse, subtilité, douceur dans un impressionnisme suspendu et enchanteur.

Tout -c’est-à-dire le pas grand chose des relations entre ces deux êtres qu’a priori tout oppose les classes, les âges sauf l’intime absolu de leur solitude- l’infime qui se noue entre un garçon de 25 ans et une adolescente de 15 ans. Une parenthèse de sincère complicité, d’entente inespérée.


Fifi filme le moindre des ennuis, des lucidités, des découvertes sur les atonies de la jeunesse plutôt que sur sa pétulance. C’est sur cette tonalité très fragile que le film trouve son originalité. Sans prétention. Sans forcer quoi que ce soit.


Les acteurs Celeste Brunnquell et Quentin Dolmaire sont sensationnels. Droits et tissés, encombrés de ce que peut-être l’incertitude de leur avenir.


Voir la contribution entière dans

https://www.lemagducine.fr/cinema/critiques-films/fifi-film-avis-avec-celeste-brunnquell-10060469/



VioletteVillard1
7

Créée

le 17 juin 2023

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