Est sorti récemment un North East Police Story 2 dans la jungle des DTV chinois. Un numéro « 2 » sur un DTV chinois est un bon indicateur. Ça veut dire que le premier film a suffisamment fonctionné pour qu’une suite soit mise en chantier et, s’il a suffisamment fonctionné, c’est peut-être qu’il était pas mal. Bon, ce n’est pas une science exacte mais on s’accroche à ce qu’on peut dans ce cinéma SVOD chinois qui sort des dizaines de films chaque mois et dans lequel il est compliqué de se retrouver. C’est donc en tout logique que je me tourne vers North East Police Story, dont le titre est en réalité Fight Against Evil (North East Police Story est une traduction littérale du titre chinois). J’apprends qu’il a rapporté un peu plus de 13 millions de dollars et qu’il a obtenu une moyenne de 6.3/10 sur Douban, le IMDB chinois, qui habituellement n’est pas tendre avec ces productions en ligne du pays, la moyenne étant la même sur IMDB à un dixième de point près. Serait-ce là une bonne pioche ? Plutôt oui. En tout cas, Fight Against Evil lorgne du côté des polars d’action HK des années 2000 et rien que ça, ça fait très plaisir.


La narration du film est toute simple, sans prétention, sans bavardage inutile, et le thème est clair : l’histoire d’un policier ordinaire du nord-est de la Chine qui résout une affaire importante. Les motifs sont expliqués clairement en quelques lignes de dialogue, laissant le soin aux spectateurs de se concentrer sur les relations entre les personnages, sur la légère critique sociale (sur la pauvreté, sur les casinos clandestins interdits en chine, …), et bien entendu sur l’action. L’histoire est assez classique, avec ce flic suspendu qui va se retrouver mêlé à une affaire de gang qui emmerde sa belle-famille. Il va coopérer avec un ancien collègue pour régler le problème. Non, clairement, Fight Against Evil n’a pas inventé l’eau chaude. Mais il ne va pas prendre la même direction que beaucoup de DTV d’action tels qu’Ace Bodyguard, Angry Scalper ou Black Hunting Operation. Fight Against Evil prend le temps de mettre en place son histoire, aussi simple soit-elle, et son atmosphère, de développer juste ce qu’il faut ses personnages et les relations qu’ils ont entre eux. Le réalisateur Qin Peng-Fei va s’attarder sur un élément bien précis de la nature humaine : l’obsession. Celle de la justice pour le héros. Celle de protéger coûte que coûte sa famille pour le personnage de l’oncle. Celle de soif de pouvoir et de désir d’argent pour le trio de méchants. Deux groupes de personnages bien distincts, un guidé par le bien et l’autre pas le mal, suffisamment manichéen pour qu’on ressente de l’empathie pour les uns et de l’aversion pour les autres. Le casting s’en sort très bien. On sent que la direction a été bonne du premier au moindre second rôle, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de productions. Miu Tse est crédible dans ce rôle de policier « petit mais costaud » et il est clairement une valeur sûre de ce nouveau cinéma chinois en ligne.


La mise en scène de manière générale est plutôt bonne. On sent un vrai sens du cadre. La photographie est travaillée, jouant de temps en temps avec des néons colorés. Certains plans sont très beaux et rappellent certains polars sombres du cinéma de Hong Kong. On sent que le réalisateur, également cascadeur et chorégraphe, a envie de donner à son film cette patine des polars d’action HK des années 2000 avec Donnie Yen. On pense d’’ailleurs parfois à des films tels que Flash Point ou Special ID, sans que jamais malgré tout ça ne les égale. On regrettera seulement le montage un peu trop cut des scènes d’action bien que, malgré tout, cela ne gêne pas la lisibilité. Car oui, le film est ponctué de petites scènes d’action et, hormis le gunfight un peu kitch, c’est du bon boulot. Le réalisateur Qin Peng-Fei cherche à donner beaucoup d’impacts aux coups, ce qui confère à ces combats beaucoup d’intensité et le résultat est hautement divertissant. Ils sont souvent violents, brutaux, contrastant avec beaucoup de DTV contemporains plus axés soit sur les gunfights, soit sur les chorégraphies. Sans égaler celle du Nobody (2021) de Ilya Naishuller, la scène du bus fait son petit effet, tout comme le combat dans l’hôpital. Le réalisateur semble aimer tourner des scènes d’action dans un espace restreint avec une caméra au plus proche des protagonistes. Le making of assez long pendant le générique de fin nous montre d’ailleurs la logistique et la conception de certaines de ces scènes ainsi que de quelques cascades, nous prouvant que certains artisans chinois ont encore envie de proposer de l’action comme on en faisait dans l’ex-colonie britannique. Il est d’ailleurs facile de deviner, avec son titre chinois comprenant les termes « Police Story » et avec sa scène d’éjection par le parebrise avant d’un bus, que le réalisateur est un grand fan du Police Story de Jackie Chan et que, quelque part, bien que son film ne comporte aucun humour à l’inverse de celui de Jackie Chan, il rend clairement hommage à cette grande époque du cinéma de Hong Kong.


Fight Against Evil / North East Police Story est un bon petit DTV chinois qui compense son classicisme par une réelle efficacité dans ses scènes d’action. Une histoire simple, un scénario bien rythmé, de bons combats, parfait pour 1h23 de détente.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-fight-against-evil-de-qin-peng-fei-2021/

cherycok
7
Écrit par

Créée

le 4 oct. 2023

Critique lue 7 fois

cherycok

Écrit par

Critique lue 7 fois

Du même critique

Journey to the West: Conquering the Demons
cherycok
7

Critique de Journey to the West: Conquering the Demons par cherycok

Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...

le 25 févr. 2013

18 j'aime

9

Barbaque
cherycok
4

The Untold Story

Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...

le 31 janv. 2022

17 j'aime

Avengement
cherycok
7

Critique de Avengement par cherycok

Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...

le 3 juil. 2019

17 j'aime

1