Tandis que Giorgia Meloni, la tête conservatrice du gouvernement italien, s'engage dans une croisade contre les familles homoparentales, je regardais une projection en plein air du film au Nuovo Sacher, le cinéma de Nanni Moretti. Si, face à l'homosexualité, les solutions exposées dans le film, celles des siciliens des années 80, paraissent un peu dépassées (bastonnade, exorcisme et meurtre), les réactions de Giorgio Meloni ne brillent pas la modernité (le bon sens indique qu'une fois le mal commis - l'enfant conçu -, l'État devrait avant tout s'attacher à protéger l'enfant, c'est-à-dire son environnement, c'est-à-dire le couple qui en a la charge). Les mœurs changent lentement mais les arts populaires comme le cinéma peuvent être des catalyseurs décisifs. D'ailleurs, considérant les réactions du public, majoritairement d'un âge respectable, il est permis de penser que le catholicisme apostolique et romain est moins psycho-rigide du membre que ne l'est son pape progressiste.
Personne ne sera surpris d'apprendre que les deux tourtereaux sont présentés comme des anges, héritiers des flèches qui percèrent les chairs de Saint-Sébastien, tandis que les homophobes s'illustrent dans le domaine de l'esprit. En dépit de ce portrait contrasté, l'intrigue marche plutôt bien. En outre, le film offre quelques séquences de rire : en musique ou par la ferveur ridicule des tifosi (l'occasion de rire a manqué ces dernières années faute de participation aux événements mondiaux). Enfin, la Sicile est bien présente par son atmosphère, sa langue (les interprètes sont pour un bon nombre d'entre eux originaires de l'île) et ses paysages magnifiques. Le cinéma a cette magie : il communique les couleurs mais non la température.
La projection en plein air est tout-à-fait justifiée ici : pourvu que tu lèves un instant les yeux au ciel afin d'échapper au vacarme des feux d'artifice, une nuit étoilée s'offre à toi.