Si je vous dis une romance gay qui se déroule dans l'Italie des années 80, vous pensez évidemment au roucoulades de Timothée Chalamet et Armie Hammer filmées par Lucas Guadagnino. Mais y'a pas que "Call Me By Your Name" dans la vie.
"Fireworks" (Stranizza d'Amuri en VO) relate l'histoire vraie de deux adolescents qui tombent amoureux dans un petit village italien des années 80 et qui doivent faire face aux préjugés homophobes de leur époque et de leur pays très machiste. Un fait divers qui s'est terminé de façon horrible puisque les deux garcons ont été assassinés. Le long métrage évolue donc entre romance et drame, sur une trame assez classique. Mais il a l'intelligence d'essayer de ne pas être trop prévisible et convenu et de ne pas faire de son histoire d'amour le centre du film. Ainsi, il s'emploie en premier lieu à présenter ses deux protagonistes, chacun de leur côté. D'abord Gianni, dont l'homosexualité n'est plus un secret depuis qu'il a été surpris avec un autre garçon. Harcelé par les hommes de son village, coincé avec un beau père tyrannique, le pauvre garçon encaisse tant bien que mal. De l'autre côté, Nino vit un quotidien beaucoup plus idyllique. Il apprends à chasser avec son oncle, à tirer des feux d'artifices avec son père et son foyer est nettement plus accueillant que celui de son camarade. Deux vies, deux univers qui vont entrer en collision, au propre comme au figuré.
Après s'être percutés en mobylette, les deux garçons développent une amitié qui se transformera en une histoire d'amour solaire et candide.
C'est peu de dire que le film prend son temps (ce qui explique sa durée de 2h16), ce dont il se sert pour développer ses protagonistes mais aussi le climat social de l'époque. La mise en scène fait la part belle aux décors méditerranéens, sous le soleil et les oliviers, installant un paysage de farniente entre les hommes installés dehors à regarder le foot et les femmes qui cuisinent les pâtes à la bolognaise. C'est une vrai tranche de vie et d'époque qui est recréé, avec aussi en filigrane une analyse des moeurs de l'époque. Le long métrage évite la mièvrerie alors que pourtant la romance est ultra candide. La sobriété dont le réalisateur use lui permet justement d'éviter ce piège mais paradoxalement, elle empêche aussi l'ensemble d'être autre chose qu'un joli film. Pourtant, la puissance émotionnelle est là, le potentiel pour en faire une histoire dramatique déchirante est présent mais le film reste bien trop pudique dans tous ses aspects et la mise en scène trop classique. Y compris dans son final qui élude complètement l'assassinat des deux garçons alors que c'est aussi le coeur de l'histoire. Une décision assez incompréhensible. Comme si le réalisateur n'avait pas voulu terminer sur une scène aussi triste et garder l'image de ces deux garçons, heureux ensemble sur le plage.
Tant pis, on gardera quand même le souvenir d'une romance touchante et du jeune Samuele Segreto, fascinant dans son magnétisme et son charisme, qui tire le résultat vers le haut, sans même avoir besoin de prononcer un mot.