Flagellations
6.1
Flagellations

Film de Pete Walker (1974)

J'avais déjà rapidement présenté le réalisateur anglais Peter Walker avec ma citrique de son film Frightmare sorti en 1974, je rappellerais donc simplement et très vite que ce cinéaste britannique de films de genre indépendant est apparu au moment du déclin de la Hammer avec des inspirations un petit peu plus américaines. Flagellations également connu sous le titre House of Whipcord est sorti la même année que Frightmare et propose une sorte de relecture assez sociale du film de prisons (WIP).


Dans Flagellations nous allons suivre une jeune française vivant à Londres qui après avoir suivi un étrange séducteur se retrouve captive dans une immense prison à l'abandon servant de maison de redressement . Le crime de cette jeune fille est d'avoir posée nue pour des photos, ce que Mme Wakehurst et son mari souhaitent condamner de la plus rude des manières jugeant que les mœurs et la justice de leur pays partent à volo.


Flagellations s'ouvre sur une incrustation à l'ironie mordante puisque le film est " dédié à ceux qui sont inquiets du relâchement des codes moraux et qui espèrent avec impatience le retour des châtiments corporels et de la peine de mort ". Le film de Peter Walker nous plonge ainsi à travers son récit dans une Angleterre un peu rabougri et conservatrice symbolisé à l'écran par ce couple qui a décidé d'appliquer leurs propres lois sous la bannière du Christ et de la punition. Le personnage de Mme Wakehurst est d'ailleurs fortement inspiré par la militante des valeurs morales et puritaines Mary Whitehouse qui dans les années 60/70 censurait les contenus audiovisuelles et luttait contre l'homosexualité. Dans Flagellations les jeunes filles censées être rééduquées sont surtout retenues captives en attendant d'être pendues au bout de trois écarts de conduite , le second entrainant la flagellation avec un claquement de fouet comme le son de morale. Forcément le réalisateur nous montre combien les bourreaux et moralisateur sont bien plus tordus que leurs pauvres victimes avec une Mme Wakehurst psychorigide entretenant des relations troubles avec son fils qui lui sert de rabatteur et un mari en pantoufles et aveugle qui rend une justice clairvoyante en signant des arrêts de mort alors qu'il pense parapher des ordres de libérations. Le couple est aidé par deux gardiennes dont l'une d'entre elles est interprété par l'impressionnante Sheila Keith déjà vu dans Frightmare et qui incarne ici le plaisir sadique de la souffrance et de l'humiliation. Quant à l'héroïne du film interprété par la très blonde mais charmante Penny Irving , difficile de ne pas la trouver passablement idiote dans ses comportements comme lorsqu'elle accepte au début de suivre un inconnu qui vit chez sa mère dans une prison paumée et tout juste après qu'il lui ai fait croire pour rire qu'il allait lui entailler la joue au couteau à steak. La comédienne possède aussi une façon de cirer en se tenant la tête à deux mains qui m'amuse beaucoup ...


Bien que visiblement classé X par la censure britannique, dont ironie du sort Peter Walker se moque à travers son film, Flagellations reste très soft dans sa représentation d'une violence plutôt suggérée et dans l'érotisme pourtant inhérent aux films de prisons de femmes. Flagellations est toutefois très plaisant à regarder de par l'ironie de son propos et une intrigue plutôt bien menée réservant quelques rebondissements, certes un peu téléphonés, mais pas désagréables. La mise en scène de Peter Walker reste très classique mais bien maîtrisé et si la forme ne possède pas de fulgurance le fond possède lui bien assez de mordant et de niveaux de lecture pour se passer d'un trop bel emballage.


Si ce n'est que le second film que je vois de Peter Walker, c'est pourtant déjà bien assez pour me donner envie de découvrir et explorer sa filmographie plus en détails. Il se pourrait bien qu'arrivent prochainement des critiques de Le Manoir de la Peur ou Mortelle Confession.

freddyK
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le 28 avr. 2022

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Freddy K

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