Vu pour la énième fois, mais longtemps après la dernière, un film inusable, une mine de références cinéphiliques obligées, un sommet de fausse naïveté réjouissante, l'Alapurna des bons sentiments à l'américaine. Quel plaisir ! Et quelle leçon que l'histoire de Jenny, incarnation de tous les laissés pour compte, des pauvres gens à la dérive, des résilients vaillants et chaotiques qui font de leur mieux et se plantent, parce que le monde n'est justement pas une boîte de chocolats. Je craignais que le film n'ait vieilli, depuis 1994, ou moi, ou les deux, j'avais un peu peur qu'on ne sache plus se rencontrer; mais non, la romance continue et c'est heureux. Les enfants de mes amis le découvrent et se l'approprient; ça pourrait être l'héritage de ma génération, à la croisée des guerres d'antan et des maladies d'aujourd'hui, la poésie rivée au cœur, malgré tout... il y aurait des thèses à écrire.