Dans l'espace, personne ne vous entend rire.

Je... Oui. Enfin, non. Je suis tombé sur ce film par hasard, en cherchant une autre relique du cinéma Lambertien: Beowulf. Ce qui n'est pas forcément mieux d'ailleurs...

Alors, pour rappeler brièvement le concept: Fortress, c'est en gros Prison Break avant l'heure avec Christophe Lambert qui rit à tout va. Le premier, j'ai la chance de l'avoir en VHS (Ce qui va faire des jaloux, je sais.) et, on va dire qu'il se laisse regarder. Dans une société où la politique de l'enfant unique est appliquée à la lettre, le moindre manquement à l'ordre est lourdement sanctionné. Et, pâdbol, notre Christophe Lambert adoré se fait enfermer, puisque sa femme est enceinte d'un deuxième enfant. Enfin, pour le peu que je m'en rappelle puisqu'un bon gros quart d'heure après le début du film, l'histoire, on s'en moque éperdument.
Ce qui est "bien" avec le premier, c'est quelque part l'évolution du personnage de Brennick, enfin, Lambert: de parfait inconnu, il va devenir un symbole d'espoir dans ce milieu carcéral anxiogène. Le tout alimenté par des personnages caricaturaux à mourir (littéralement) mais quand même attachant, et deux ou trois bonnes idées. Eh oui, même si ce film reste un Nanar de premier choix, il y a quand même deux ou trois trucs sympas, comme l'intelligence artificielle qui devient folle et... et le rire de Christophe Lambert.

Le deuxième volet a l'immense inconvénient de ne pas être justifié du tout. Même le titre en lui-même est bidon: "Réincarnation" veut à la fois tout dire et ne rien dire. Il n'est pas un Seigneur du Temps et ne va pas se régénérer au milieu du film. Dommage. La fin du premier était assez fermée et bien clichée: Brennick s'échappe et récupère sa femme qui accouche d'un beau bébé. Fin. Rideau.

Ici donc, Brennick se fait envoyer... dans l'espaaaaaaaaaaaace. J'avoue volontiers que l'idée est alléchante sur le papier, mais j'avoue tout aussi volontiers qu'elle est massacrée par des scénaristes qui pensent que l'espace, c'est comme une grosse piscine. Ce qui amène deux ou trois scènes ahurissantes, comme Brennick qui se retrouve sans combinaison dans l'espace et qui, simplement en retenant sa respiration, arrive à rejoindre une autre entrée de la station. Oui, mais non. Mettez un corps dans le vide, et la différence de pression entre l'intérieur du corps et le vide extérieur fait que le corps va faire sprötch, qu'il retienne sa respiration ou non. Bref, ça c'est idiot. Comme la torture par rayon UV. Pas bête dans l'idée, mais pourquoi faire disparaître les stigmates des blessures 30 secondes après, sans justification apparente?

C'est idiot, mais c'est drôle. Un peu comme le jeu de Christophe Lambert. Notons que c'est un acteur que j'apprécie particulièrement, notamment à cause de ce côté décalé qu'il a dans la grande majorité de ses films. Il peut se passer les pires trucs, être dans une situation critique extrême de la mort qui tue, l'expression de Christophe Lambert ne changera jamais. Un monolithe à l'état pur. Solide comme un roc. Les autres acteurs ne sont pas forcément mieux. Déjà, je ne me souviens du nom d'aucun d'entre eux, probablement parce qu'ils ne sont jamais cités, et aussi parce qu'on s'en fout un peu et pour cause: on a le garçon manqué (qui semble connaître Brennick mais qui n'apparaît pas dans le premier volet), le vieux mystérieux (qui est Russe en plus, c'est donc un mystérusse), le petit génie en informatique et le débile qui finalement va se rendre utile. Ah, et aussi des prisonniers vilains pas beau, mais qui ne causeront jamais de torts à Brennick. On ne lui la fait pas, à Brennick. Non mais.

C'est là l'un des gros défauts majeur de ce Nanar: Brennick est en prison, pourtant c'est limite un petit club de vacances sympa: on y fait du topless, on discute évasion tranquillement entre potes et aussi comment piquer un vaisseau avec un livreur. En gros, au bout de 30 minutes de film (sur les 90 au total), on sait comment ils vont se barrer. L'effet de surprise est à son paroxysme. Après? Bah, ça fait paf, on intimide Brennick, il s'en fout, ça fait re-paf, on tue le mystérusse pour une raison qui m'échappe, on fait péter le vaisseau avec les méchants Russes (y'a des russes partout de toutes manières) et les gentils se barrent dans le bon vaisseau. Voilà, au revoir!

Plus sérieusement, si vous êtes fans de Lambert et de Nanars (parce que très clairement ce film en est un), alors jetez-y un œil, entre potes. Certains moments sont assez drôles, pas toujours pour les bonnes raisons, mais drôles quand même. Sinon, le film reste oubliable, ce qui est dommage: les décors sont plutôt pas mal, ça ne cabotine pas encore de trop et le méchant (qui la même année a joué Lachaise dans Le Monde ne Suffit Pas) reste crédible un tant soit peu.

Mais bon sang quoi. La brasse coulée dans l'espace...