La flamme brûle et fascine jusqu'à ce qu'elle vacille légèrement puis finisse par n'être plus qu'un léger filet de fumée avant de s'évaporer laissant ceux qu'elle éclairait dans le noir, un peu agares, perdus. Foxfire, le film de Laurent Cantet après "Entre les murs", s'échappe de l'école et du 21e siècle pour se plonger dans les années 50, Toronto et raconter l'histoire d'un gang de filles entrainée par Legs, rêveuse avant l'heure d'une communauté unie de femmes, sans différence aucune, des "soeurs de sang" que toute femme est succeptible de devenir tant qu'elle prête sollenellement serment à Foxfire et accepte que "les opprimés se soulèvent et forment leurs propres règles".

La première partie du film revient sur la naissance du "mouvement", les prémisses, d'une première nuit de fugue, aux déboires des jeunes filles victimes des hommes, on entre dans la fraternisation et la vengeance. D'abord invisibles, les filles deviennent très vite les cibles à abbatre, les forces à canaliser.

Legs, sorte d'étoile fillante, va ressortir encore plus déterminée, mais aussi moins idéaliste, de l'endroit où l'on a mis "une enfant de 15 ans... Comment pouvait-on avoir peur d'elle?". Et l'on sent que, comme dans toute révolution, sans leader, les troupes s'épapillent, les règles s'évanouissent.

Enfin, arrive le temps de la libération de Legs, d'une danse infernale qui signe son retour, la fraternisation retrouvée. Et la deuxième partie qui commence lumineuse alors que toutes les filles se réunissent dans un refuge certes vétuste mais un endroit où vivre ensemble, fortes, va étirer le groupe vers la nuit... Faute d'avoir réussie à entreprendre de vraies règles de vie en communauté et trop prise dans un rêve utopique, Legs va perdre son plus bel allié, sorte d'amour qu'elle protège depuis le début.

Et quand tombe les bases du chateau de cartes, tout s'écroule... En 2h20, Cantet retrace avec brio le parcours de ces jeunes filles qui n'ont pas complètement reçues toutes les leçons de la grande force qu'elles avaient réussit à développer. On voudrait plus de femmes comme ça, qui comprennent que se soumettre n'est plus la solution. Elles sont toutes magnfiques, pleines de fougues et d'envies, la temporalité du film est bien maitrisée, si bien qu'on n'enlèverait pas une minute à cette fresque féminine.

Cantet aime soulever la jeunesse, les troupes, mais si avec "Entre les murs", il avait peiner à trouver une vraie ferveur, ici, sa direction d'acteurs est parfaite et toutes les petites comètes de ce film sont attirées par l'étoile qu'est Legs, petite fille sauvage qui tente d'accepter les codes d'une société qu'elle voudrait balayer, détruire. Mais cette révolution là, un peu comme le "Grand soir" de Delepine et Kervern, devra encore attendre pour aboutir. Attendre que s'organise la ferveur non dans l'admiration d'une seule mais dans la volonté rélle "de former de nouvelles règles" qui soient au delà d'une simple communauté fermée, qui s'étalent à la société entière... Mais les ennemis guettent, Legs est déjà loin et, morte ou vive, elle soulève toujours autant d'espoir ...
eloch

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