Grande admiratrice de Franz Kafka (1883-1924), la réalisatrice polonaise donne sa vision de la vie de l’écrivain tchèque de langue allemande (notamment en faisant témoigner son entourage) et en illustrant certaines de ses œuvres [« La colonie pénitentiaire » (1919), terrifiante]. Le film est constitué de flash-backs, de flashforwards et même de scènes actuelles se passant au musée Kafka à Prague (dénonçant la Kafka manie qui fait feu de tout bois, telle que vendre des burgers végétariens qu’aurait mangés Kafka !), afin d’en montrer sa modernité d’avant-garde (il écrivait 3 lettres par jour, ce qui, en termes de nombres de caractères, équivaut à plusieurs courriels de nos jours). D’où le nombre de livres et d’articles sur l’écrivain et son œuvre, autrement plus importante quantitativement que ses livres (un million de fois plus !). Le film bénéficie d’une belle reconstitution historique, d’une belle interprétation mais demeure un peu long (2h07), tant il est difficile de se passionner pour cet écrivain tourmenté, inadapté à la société, aux idées bornées (cf. altercation avec un mendiant) et maladroit avec les femmes (Felice Bauer puis Milena Jesenská, sa traductrice en tchèque). Son père [qui lui a inspiré « Le verdict » (1913)], certes autoritaire, odieux et égoïste, est plus intéressant d’un point de vue narratif.