Film d'une richesse et d'une ambition exceptionnelles, Freaks Out fait du bien dans un paysage cinématographique européen qui a toujours besoin d'être un peu secoué.
Ce simple constat donne déjà un a priori positif. Si on y ajoute la poésie visuelle, une galerie de personnages plutôt attachants et le côté décomplexé du métrage, mêlant nazis, super-pouvoirs, humour, émotion et gore avec malice, on obtient un film à la limite du pur kiff de cinéphile.
A la limite seulement hélas.


Car, malgré ses innombrables qualités, ses décors magnifiques, ses mouvements de caméra étourdissants et sa musique enivrante, quelque chose ne fonctionne pas.
La faute à un scenario partant dans trop de directions et qui peine parfois à transcender ses idées, probablement trop nombreuses, à utiliser à fond les caractéristiques de chaque personnage et à délivrer un message plus profond et original que les sempiternels "nos différences nous renforcent", "Accepte toi comme tu es" et "l'amour est plus fort que la haine".


Si on est heureux d'avoir un film de genre "super-héroïque" (même si c'est un peu plus que ça, on est quand même dans une sortede X-Men Circus) qui sort de l'ordinaire et des formats hollywoodiens, on regrette de retrouver certains clichés et bons sentiments ainsi qu'un traitement parfois superficiel.
Mais surtout, les scènes d'action peinent à provoquer le plaisir escompté.


Alors qu'on les attend avec un certain enthousiasme (les méchants étant très méchants et les héros étant régulièrement en situation difficile), ces scènes manquent de lisibilité et d'efficacité pour convaincre. Elles sont soit trop courtes, soit trop longues, soit trop simples, soit trop confuses. La réalisation tente parfois de coller aux standards américains et parfois de s'en éloigner, sans trop savoir au final sur quel pied d'éclopé danser.
C'est vraiment le défaut principal de ce film, avec ses petites longueurs et ses petits défauts scénaristiques (qui n'en seront peut-être pas pour tout le monde d'ailleurs).


Si Gabriele Mainetti assume des références allant de Tod Browning à Quentin Tarantino, en passant par Luigi Comencini ou Steven Spielberg, il peine encore à se hisser à leur niveau.


Cependant, on ne va pas trop bouder son plaisir, le film est plutôt réussi dans l'ensemble.
On est un cran au dessus de la plupart des séries B associant fantastique et nazis, et sortant généralement directement en DVD ou VOD.
Les acteurs ont tous une présence incroyable, les effets spéciaux sont plutôt convaincants et on se laisse prendre par cette histoire qui fait tristement écho à l'époque actuelle, avec son contexte de guerre, d'intolérance et de cruauté exacerbée.
Chaque personnage du film est une sorte de monstre dans son genre, que ce soit à ses yeux ou aux yeux des autres, et tout réside dans la façon dont on accepte ou non la part de monstruosité en nous. C'est d'autant plus évident que le film se passe dans l'Italie fasciste au beau milieu de la seconde guerre mondiale.


Malgré les horreurs que Freaks Out nous fait traverser, on en ressort avec un sentiment d'émerveillement relativement rare, certaines images marquantes restant imprimées dans la rétine, et l'optimisme de la jeune Matilde l'emporte sur la folie et l'inconséquence du méchant Franz.

Meuk-Meuk
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le 18 mars 2022

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