Fremont
6.9
Fremont

Film de Babak Jalali (2023)

Donya a 24 ans et travaille dans une fabrique de fortune cookies. Elle emballe ces petits biscuits chinois servis dans les restaurants chinois aux Etats-Unis et au Canada dans lequel on peut trouver un petit papier où figure une prédiction, une maxime, une pensée parfois humoristique. Elle est une réfugiée afghane. Elle a quitté son pays au retour des Talibans au pouvoir alors qu'elle était traductrice pour l'armée américaine.

Le Fremont du titre est le nom d'un quartier de la banlieue de San Francisco qui abrite la plus grande communauté afghane aux Etats-Unis. Et bien qu'elle cherche absolument à s'intégrer, Donya est constamment entourée d'afghans dès qu'elle quitte l'entreprise. Ses insomnies la mènent vers un psychiatre à qui elle demande des somnifères alors qu'il est plutôt occupé voire obsédé par la lecture de Croc-blanc de Jack London. La routine banale et ennuyeuse de Donya est bouleversée le jour où son patron (d'origine chinoise) lui demande de s'atteler dorénavant à la rédaction des messages à l'intérieur des biscuits. Un jour elle glisse dans l'un d'eux un message où elle évoque ses rêves et ses espoirs et y ajoute son numéro de téléphone. Elle attend, comme nous, curieux de voir qui va découvrir le message, que le destin fasse le reste.

Tout en douceur, le film nous invite à la rencontre d'une jeune femme qui ne hurle pas un syndrome de stress post-traumatique bien qu'elle ait dû quitter son pays, que sa famille soit menacée, qu'elle soit solitaire et insomniaque mais souhaite simplement trouver le sommeil, l'apaisement et pourquoi pas l'amour.

Le film, lent, filmé en format 4/3, en plans fixes et en noir et blanc exige donc du spectateur de se laisser porter par une certaine indolence. Le réalisateur (qu'il en soit remercié) ne prétend pas avoir une explication tarabiscotée pour se justifier sur sa façon de filmer : "Je n’ai pas d’explication rationnelle ou intellectuelle pour ce choix, c’était juste une très forte intuition, un désir puissant...". Et de son personnage principal qu'il ne quitte pas des yeux un instant, il ne fait pas une victime mais dresse le portrait d'une jeune femme qui cherche une vie (surtout sentimentale) meilleure. Pas de gros méchants ici, si ce n'est la femme du patron, plutôt garce mais dont la fourberie sera finalement un atout dans le destin de Donya.

Avec ses dialogues brefs, son humour discret plutôt pince-sans-rire, ses personnages doux et rêveurs, ce film devrait ravir les amoureux de Kaurismäki car il m'a évoqué Les feuilles mortes.

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le 14 déc. 2023

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