Nawal et son mari ont une fille et essaient d'avoir un deuxième enfant. Bien que jeune, le mari de Nawal meurt dans son sommeil. Cela se passe à Amman de nos jours en Jordanie.

Le temps des condoléances passé où chacun affirme à Nawal qu'il est là pour elle en cas de besoin, la jeune femme va devoir affronter le système injuste d'une société encore patriarcale où en l'absence d'héritier mâle, le patrimoine du couple revient... à la famille du défunt !!!

Autant dire que les promesses font long feu et que face à l'absurdité et à l'injustice administratives Nawal se retrouve bien seule. Sans compter que son beau-frère réclame une dette impayée et qu'il peut également en cas de défaillance devenir le tuteur de sa nièce et l'enlever à la garde de sa mère... Nawal a beau faire valoir ce qui ressemblerait à des droits, elle a participé au paiement du crédit de l'appartement, elle travaille (elle est infirmière mais sans contrat de travail...), elle a apporté des biens et de l'argent en dot au moment du mariage, rien n'y fait. D'ailleurs, aucun document officiel ne confirme ses affirmations. Les lois et Dieu, tellement commode à invoquer quand cela arrange les hommes, sont inflexibles.

Nous allons de surprise en consternation devant ce film présenté comme une course contre la montre stressante au cours de laquelle Nawal n'obtiendrait qu'une aide précieuse qu'elle refuse puisqu'il s'agit de son collège kiné qui est amoureux d'elle. Malgré la gentillesse et la sincérité du garçon, l'aide ne serait peut-être pas gratuite. Pas de solidarité à attendre des femmes comme de son frère qui attendent de Nawal qu'elle rentre dans le rang et pourquoi pas se trouve rapidement un nouveau compagnon comme font toutes les veuves, sans faire de vague.

Nawal est une femme qui lutte pour sa survie et son indépendance. Sur son chemin semé d'embûches, aucune place ne lui est accordée pour son chagrin. Elle avance, fonce même pour faire face à un enchevêtrement de situations de plus en plus absurdes. Dans son combat, elle semble n'avoir que des ennemis au sein même de sa propre famille. Le scenario infiniment réaliste et intelligent ne l'épargne pas et accumule les obstacles qui finissent par ressembler à des pièges.

Si seulement elle avait un fils, les soucis disparaîtraient comme par enchantement !

C'est complètement dingue et l'on est tendu d'un bout à l'autre de cette histoire où l'on a envie d'aimer, de soutenir et de secourir cette femme digne et courageuse. La voir couvrir ses magnifiques cheveux à la hâte même lorsqu'elle est chez elle dès qu'un homme fait une apparition est une des moindres aberrations qui jalonnent ce film admirable.

A Amman capitale de la Jordanie, toutes les ruines antiques semblent disparaître sous les tentacules d'une ville moderne en perpétuelle construction. La ville est un des personnages du film.

Créée

le 15 oct. 2023

Critique lue 1.6K fois

13 j'aime

1 commentaire

Critique lue 1.6K fois

13
1

D'autres avis sur Inchallah un fils

Inchallah un fils
Cinephile-doux
8

Veuve contre tous

Premier film jordanien à être sélectionné au Festival de Cannes, Inchallah un fils s'inscrit dans la lignée des films moyen-orientaux qui tracent un portrait de femme en lutte pour son honneur, sa...

le 6 juil. 2023

8 j'aime

Inchallah un fils
AnneSchneider
8

En Jordanie, naître femme ou n’être pas

Où l’on découvre que, dans la Jordanie actuelle, une veuve, même mère, n’est que de peu de poids, parmi les héritiers de son défunt mari, si elle n’est pas mère d’un fils… C’est ce dont...

le 10 mars 2024

7 j'aime

Inchallah un fils
Sergent_Pepper
7

Pick (me) up

Il n’est pas difficile de faire de la vie d’une femme en Jordanie un thriller : tout, dans cette société corsetée par les traditions et un patriarcat inamovible, contribue à contraindre et rendre...

le 11 mars 2024

5 j'aime

Du même critique

Inchallah un fils
SurLaRouteDuCinma
7

Critique de Inchallah un fils par SurLaRouteDuCinma

Nawal et son mari ont une fille et essaient d'avoir un deuxième enfant. Bien que jeune, le mari de Nawal meurt dans son sommeil. Cela se passe à Amman de nos jours en Jordanie.Le temps des...

le 15 oct. 2023

13 j'aime

1

Fifi
SurLaRouteDuCinma
9

J'ai l'honneur de ne pas te demander... ta main

C'est l'été à Nancy et Sophie, dite Fifi, sait qu'elle ne quittera pas son HLM et sa famille bruyante.Dans une situation précaire la famille se compose de la mère, de trois grandes filles issues...

le 29 avr. 2023

13 j'aime

Little Girl Blue
SurLaRouteDuCinma
7

Fille de, fille de, fille de...

Carole Achache, la mère de Mona la réalisatrice est morte en 2016. Elle s'est pendue à sa grande bibliothèque sans laisser d'explication. Des années après, Mona se décide enfin à ouvrir les 25...

le 26 nov. 2023

10 j'aime