Une affiche sublime, une actrice trop rare (Sharni Vinson de "You're Next") et un pitch ô combien sympathique de série B d'épouvante où des malfaiteurs enlèvent la fille d'un riche diamantaire avant de se rendre compte que celle-ci est possédée, vous vous dites sûrement qu'il est difficilement faisable de transformer tous vos a priori positifs autour d'une telle petite production horrifique en amère déception. C'est bien mal connaître son réalisateur Alistair Orr, déjà auteur d'un pitoyable "Indigenous", qui va s'employer par tous les moyens possibles à faire d'un point de départ très alléchant une foirade monumentale...


Pourtant, dans sa première partie, "From a House on Willow Street" est simplement d'une platitude aberrante. Croyant apparemment détenir l'idée du siècle avec des kidnappeurs en mode retour de bâton fatal (que quelqu'un lui montre "Don't Breathe" et ses ersatz) mais version surnaturelle, Alistair Orr sort tous les jumpscares les plus foireux de sa malette pour faire tourner en bourrique les malfaiteurs avec des apparitions issues des traumatismes de leurs passés respectifs (ça tombe bien, ils se sentent tous coupables de la mort d'un de leurs proches, parfait !). Évidemment, tout cela est provoqué par leur otage aux yeux bien trop injectés de sang pour être honnêtes et, après tout, le pire aurait même pu être évité si le postulat s'en était tenu là avec l'élimination de ses bourreaux les uns après les autres dans un bain de sang au moins égal à la quantité de dialogues terriblement insipides dans lequel le film patauge...


Mais non, un peu comme si quelqu'un durant le tournage s'était écrié "Hé, mais attendez, on peut faire dans le ridicule aussi, non ?" suivi d'un joyeux acquiescement général, "From a House on Willow Street" bifurque dans le n'importe quoi total à mi-parcours. Après un retour rapide dans la maison du kidnapping (où, soit-dit en passant, pas un de ces braqueurs amateurs n'a l'idée de tirer avantage de la situation pour voir s'il n'y a pas un truc ou deux à voler, genre... des diamants !), le film va développer avec le plus grand sérieux du monde une mythologie complètement grotesque autour de son démon et de son historique avec la demeure grâce à une partie flashbacks qui va enchaîner les énormités les plus magnifiques. On se marre déjà de la manière par laquelle l'héroïne se retrouve mêlée à tous ces événements mais le coup de grâce est vraiment porté avec l'intervention de deux prêtres aux répliques magiques ("Il lui faut 4 âmes pour les 4 coins de l'Enfer", on ne peut pas lutter, en effet...) et à leurs explications bien pratiques pour expliquer le pourquoi du comment du face-à-face entre la possédée et ses kidnappeurs.
À partir de là, "From a House on Willow Street" deviendra tout bonnement irrécupérable et presque déprimant à le regarder s'enfoncer dans les limbes de la gêne d'une telle façon. Entre des langues épineuses de cinq mètres qui tournoient dans les airs pour rien toutes les trente secondes aux quatre coins de l'écran, une possédée à la puissance surnaturelle plus que bizarrement variable, le comportement totalement idiot d'un personnage (il le réalise lui-même d'ailleurs et fait un truc encore plus idiot pour se faire pardonner), un sacrifice qui ne rime absolument rien et, le truc qui vous achèvera sûrement, l'intervention sortie de nulle part d'un gentil fantôme, le visionnage du film d'Alistair Orr prendra de sérieux airs de calvaire pour le spectateur prêt à pactiser avec tous les démons de l'Enfer afin que cette purge arrive enfin à son terme.


On aurait aimé quand même saluer la qualité des excellents maquillages mais "From a House on Willow Street" est devenue une telle catastrophe au cours de sa durée qu'il en devient presque impossible d'en sauver quoi que ce soit. Et surtout, on ne pardonnera jamais à Alistair Orr d'avoir entraîné Sharni Vinson (et nos espoirs placés en elle pour l'avenir) dans un machin pareil...

RedArrow
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le 10 sept. 2018

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