Ma note tient surtout à la première partie, mais il n'empêche que, rien que grâce à cette partie, ce film est incontournable et vaut ce 8.

La guerre du Viêt Nam, on la connaît, beaucoup de films en ont parlé, plus ou moins bien, et pas plus tard qu'un an avant Kubrick, Oliver Stone replongeait dedans (il est un vétéran du conflit) avec son très grand Platoon.
Donc, la question... Que peut amener Stanley Kubrick à la vision du conflit avec son style bien à lui ?

La réponse est dans la première partie.
Il nous montre l'entraînement des Marines, ce que personne (pour autant que je sache) n'avait fait avant lui. Tout le processus de harcèlement moral et de cassage psychologique qui transforme de simples hommes en machines à tuer sans âme est présenté, aussi crûment que possible, dans un réalisme froid et clinique.
Tout démarre dès leur arrivée, avec le petit discours d'intronisation de Hartman, dont voici une toute petite partie :

"Si vous ressortez de chez moi, les louloutes, si vous survivez à mon instruction, vous deviendrez une arme, vous deviendrez un prêtre de la mort implorant la guerre ! Mais en attendant ce moment-là, vous êtes du vomi, vous êtes le niveau 0 de la vie sur terre, vous n'êtes même pas humain, bande d'enfoirés ! Vous n'êtes que du branlomane végétatif, des paquets de merde d'amphibiens, de la chiasse ! Parce que je suis une peau de vache, vous me haïrez; mais plus vous me haïrez et mieux vous apprendrez ! Je suis vache mais je suis réglo ! Aucun sectarisme racial ici : je n'ai rien contre les négros, ritals, youpins ou métèques. Ici, vous n'êtes que des vrais connards et j'ai pour consigne de balancer toutes les couilles de loup qui n'ont pas la pointure pour servir ma chère unité ! Tas de punaises, est-ce que c'est clair ?!"

Et le reste de la séquence est au diapason.
Dès le début, on sait que Leonard "Baleine" Lawrence va en prendre plein la gueule.

Hartman les pousse plus loin qu'à fond, les réduit à néant, les formate pour en faire des machines plus que des Marines, des patriotes fanatiques et exaltés, avides de sang viêt et communiste, avec un seul mot à la bouche : tuer.
Une première partie saisissante, qui, comme Hartman, vous prend à la gorge et vous met au sol, tellement elle est puissante et tendue, et se termine sur un incroyable climax porté par un Vincent D'Onofrio impérial, l'explosion de toute la tension accumulée plus tôt.
Sans oublier son retentissement encore actuel, rien n'ayant changé dans les formations des Marines, si ce n'est quelques détails de la tenue et l'armement...

Puis arrive la seconde partie, dans le conflit lui-même.
Et là, Kubrick se fait plus classique, exposant son style sans prendre trop de risques, dans une ambiance plus convenue et connue, avec les conflits dans l'armée, les attaques surprises des Viêt Congs, les moments de calme avec bars et putes, et la réflexion nécessaire sur le rôle et la définition du soldat.
Si ça reste efficace, ça n'est guère original et, surtout, ça n'a pas la puissance de la première partie.

Ca reste toutefois du très bon Kubrick sur l'ensemble, à voir si le conflit viêt namien est source d'intérêt.
Lonewolf
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le 21 avr. 2011

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