Malgré ses décors arides et ses balades à cheval dans les plaines de l'Arizona, "Fureur Apache" n'est pas exactement un western tel qu'on le conçoit dans notre imaginaire. Non, à bien y regarder, il s'agit plutôt d'un film sur le conflit moral et religieux qui opposa les colons venus d'Europe aux autochtones amérindiens vers la fin du XIXème siècle.

L'histoire est plutôt simple : une poignée d'Apaches se sont enfuis d'une réserve dans laquelle ils se sentaient trop à l'étroit, et comme ils ont tendance à tout massacrer sur leur passage, un haut gradé envoie un jeune lieutenant et un petit détachement de cavaliers à leur poursuite. Dans leur périple, ils se feront aider par McIntosh (Burt Lancaster) et Ke-Ni-Tay, un éclaireur indigène qui a trahi son peuple pour aider l'armée américaine.

"Ulzana's Raid" se résume donc à une course-poursuite d'une heure et demie pendant laquelle des militaires tentent de rattraper des Apaches semant la terreur partout où ils passent. On m'avait parlé d'une violence insoutenable à propos de ce long métrage, et je vous rassure, il n'en est rien. Certes, on voit par-ci par-là quelques cadavres mutilés avec une certaine "fantaisie" par nos amis les Indiens, mais le film n'est pas pour autant malsain, et les actes de torture ou de mutilation ne sont volontairement pas montrés par le réalisateur. Ce n'est pas plus mal, car dès qu'il y a un peu d'action, le film est un peu pataud, et dans leur ensemble, les scènes de combat manquent de panache et de lisibilité. La musique m'a également semblé complètement à côté de la plaque, et bon nombre de passages "sombres" ont à mes yeux perdu de leur impact à cause de thèmes orchestraux trop enjoués.

Au niveau des acteurs, Burt Lancaster est fidèle à lui-même, mais par rapport à des films comme "Les professionnels" (1966) ou "Les Chasseurs de Scalps" (1968), il faut dire qu'il a pris un énorme coup de vieux. Son rôle n'est pas aussi central que ce que j'espérais, et il partage la vedette avec deux autres personnages, à savoir Ke-Ni-Tay et le jeune lieutenant qui ne connaît rien à la vie. Avec sa morale chrétienne et sa vision du monde très manichéenne, ce dernier horripile tout le monde, mais hiérarchie oblige, personne n'ose le contredire.

La grande force de ce film, c'est qu'il met dos à dos l'indéboulonnable rigueur militaire et la ruse indienne. Alors qu'ils risquent tous leur peau (et leur scalp) dans cette histoire, les soldats continuent d'appliquer bêtement les règles sans jamais sourciller, alors que les Chiricahuas menés par Ulzana font preuve d'une ingéniosité permanente pour tromper leurs ennemis et les user mentalement. Robert Aldrich nous montre aussi que les soldats "vertueux" de l'armée américaine ne sont finalement pas si éloignés que cela de leur ennemis "barbares", pour peu qu'on les pousse à bout... Enfin, à travers le personnage de Ke-Ni-Tay, le scénariste pose la question de l'intégration dans un pays colonisé : jusqu'où un homme est-il prêt à aller pour se faire accepter de gens qui ne le considèrent pas comme un égal ?

Au final, "Fureur Apache" est un film intéressant pour son regard sans concession sur la sauvagerie des Amérindiens, mais il reste plombé par des scènes d'action mollassonnes et une bande son vraiment hors-sujet. A voir pour la moustache grisonnante de Burt...
chtimixeur
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le 29 avr. 2012

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