Action Action Man, I want to be an Action Man !

Le point commun entre Harry Potter, Transformers, Matrix, et G.I. Joe - Le réveil du Cobra : le producteur, Lorenzo DiBonaventura, tout heureux de pouvoir porter à l'écran l'univers des figurines cultes de notre enfance et ainsi alimenter la vague de films inspirés par des jouets. A l'origine, G.I. Joe (textuellement Government Issue) est une bande dessinée créée par David Breger en 1942. Ce n'est qu'à partir de 1964 qu'Hasbro s'intéresse à la possibilité d'exploiter le filon à travers une série de figurines articulées en plastique. Après plusieurs gammes différentes, une nouvelle ligne de jouets débarque en 1983. Le succès est immédiat. Les produits dérivés ne tardèrent pas, à commencer par une multitude de séries d'animation qui firent les beaux jours de TF1 durant les années 80. Devenus depuis les Action Man, il était évident qu'Hollywood finirait un jour par s'intéresser à ces militaires pas comme les autres.

Derrière la caméra, le réalisateur de Van Helsing et des deux premiers volets de La Momie, Stephen Sommers, dont la volonté clairement affichée est de réaliser du divertissement 100% testostérone, ce qui implique beaucoup d'explosions, son lot de combats, sa dose de poursuites, et de jolies pin-up aux charmes ravageurs. Et de ce côté-là, l'objectif est pleinement atteint. Mais qu'il s'agisse d'une superproduction ou d'une série B, appliquer à la lettre cette recette suffit-il à convaincre si un supplément d'âme n'est pas insufflé à un genre qui a perdu ces dernières années toute profondeur au profit de la surenchère ? L'exemple donné par Transformers 2 la revanche a de quoi en effet nous rendre perplexe...

A une époque où l'oeil du spectateur est de plus en plus difficile à surprendre, tout habitué qu'il est depuis presque vingt ans et l'avènement du numérique aux images de synthèse et aux effets visuels les plus aboutis, chacun sait pourtant que d'excellents effets spéciaux ne suffisent pas à garantir la réussite d'un long métrage. Tout au plus, ils y contribuent. Dans le cas présent, deux facteurs essentiels sont appréciables : d'une part, chaque trucage visuel se met entièrement au service de l'histoire. Loin de l'esbroufe d'un Michael Bay, Sommers parvient à employer à bon escient les effets spéciaux pour en mettre plein la vue au gré du scénario qui ne brille pas comme trop souvent dans le cas d'un blockbuster hollywoodien par sa richesse (2H de film pour voir deux camps antagonistes se disputer une mallette, cela fait beaucoup). D'autre part, si certaines images de synthèse sont particulièrement abjectes, à commencer par la griffe picturale désastreuse donnée au désert d'Egypte dans certains plans (de la part du réalisateur de La Momie, il y a de quoi y voir une certaine forme d'ironie), d'autres sont absolument bluffantes. La destruction du métal grâce à la nano-technologie occasionne des claques visuelles de premier ordre, la destruction de la Tour Eiffel faisant son effet indéniablement.

Autre bon point à mettre au crédit du film, on sent chez Sommers un savoir-faire exemplaire quand il s'agit de rendre plus percutante une séquence musclée. Il y a chez lui une manière de conduire l'action qui, bien que manquant cruellement de caractère, permet de ne jamais nuire à la lisibilité d'une bataille tout en conservant cette nécessaire intensité nourrissant le plaisir fugace qui est le nôtre devant un spectacle de grande envergure. Sommers sait comment composer ses cadres, et démontre une grande maîtrise des outils cinématographiques tant tout y passe ou presque.

A côté de cela, il faut tout de mettre admettre que le ridicule fait bien de ne pas tuer, auquel cas la santé de la plupart des acteurs serait mise à mal. Dennis Quaid force considérablement la voix, Sienna Miller n'a d'intérêt que ses tenues pour le moins moulantes, Rachel Nichols hérite d'un personnage à la personnalité exceptionnellement sous-développée, Arnold Vosloo et Brendan Fraser sont là pour faire de la figuration, Marlon Wayans pour faire le pitre, et Adewale Akinnuoye-Agbaje cantonné au rôle de la brute sans cervelle. Reste deux rôles mis en valeur par le script, celui de Byung-hun Lee dans le costume de Storm Shadow et Ray Park dans celui de Snake Eyes, pourtant assassinés par des flashbacks insidieusement risibles là où l'on pensait apporter une densité narrative aux personnages. Bref, le scénario, insipide, accumulant un nombre impressionnant de clichés, ne fait pas la part belle aux personnages et se contente une fois encore de n'être calibré que pour plaire au plus grand nombre en minimisant les besoins de recourir à notre réflexion. Cela devient décidément une mauvaise habitude d'Hollywood et il est grand temps que James Cameron et son Avatar viennent, espérons-le, remédier à cela.


En bref : Comme on pouvait s'y attendre, G.I. Joe - Le réveil du Cobra est surtout là pour distraire et rien d'autre. On peut être étonné de voir que le pire (le scénario, les personnages) côtoie ici le meilleur (l'action, certains effets spéciaux) mais le film de Stephen Sommers réussit là où Transformers 2 la revanche échoue, à savoir assumer pleinement son statut de blockbuster estival sans tomber dans une surenchère qui est loin d'être la réponse à tous les maux du cinéma de divertissement.
Kelemvor

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