Je n’avais pas été emballé par le précédent Scorcese en costumes, Le Temps de l’Innocence. Cette impression s'est confirmée avec le minable Hugo Cabret. Scorcese est un cinéaste de la vitesse, du montage, de la musique rock qui traverse l’écran. C’est un cinéaste du cinéma, ses codes de narration racontent le cinéma, utilisent l’histoire du cinéma. La caméra peut tournoyer autour de Jake La Motta sur le ring, parce que les caméras existaient au temps de ces combats. (Vous me direz que du temps d'Hugo Cabret aussi, mais c'était des caméras fixes.) C’est aussi débile de faire tournoyer la caméra dans une histoire du XVIIIe ou XIXe siècle que de faire porter des baskets aux personnages.Scorcese le sait, il bride sa caméra. Et du coup il n’est plus lui même. Dans Le Temps de l’Innocence, il ne restait pas grand chose à sauver, à part le très beau générique de Saul Bass. Dans Gangs of New-York, il y a un peu plus de matériau à filmer, une vengeance qui donne une bonne colonne vertébrale à l’histoire, et surtout il y a un personnage, Bill the Butcher, ogre hyperviolent et drôle, grotesque et terrifiant, magistralement habité par Day-Lewis, qui dévore les autres acteurs (DiCaprio pas très convaincant, Diaz complètement à côté de la plaque) en faisant un sort à chacune de ses scènes. C’est une prestation hallucinante qui justifie de voir le film à elle seule.