Garçon !

Quand j'étais étudiant à la fin des années 70, Sautet était le cinéaste à la mode, celui dont la sortie d'un film était un évènement qui générait dans les ciné-clubs des débats et dans les cinémas des présentations émerveillées. Moi, dans tout ça, j'étais un peu partagé. Je le trouvais très bon dans ses polars de début de carrière ("Classe tous risques", critique déjà faite sur SC, jusqu'à "Max et les ferrailleurs", critique à faire) mais son style va évoluer vers un cinéma qui s'intéresse au sens de la vie, aux choses de la vie (sans mauvais jeu de mot). Dans mon imaginaire personnel, je trouve qu'il est peu à peu devenu un cinéaste "parisien", adjectif plutôt indéfini mais qui recouvre plein de sous-entendus, plein de préjugés souvent contradictoires. En bref, un cinéma qui ne me fait pas vraiment rêver.

"Garçon !" est une bonne illustration de cet adjectif.

C'est l'histoire de … Mais au fait quelle est l'histoire ? Je reprends : comme le titre l'indique, c'est l'histoire d'une bande de serveurs dans une (grande) brasserie parisienne à qui il arrive plein d'histoires. De couples, principalement.

Il y a un truc qui est bien, voire très bien dans ce film, c'est la vie de la brasserie au moment du coup de feu où un équilibre subtil se met en place entre les clients et la cuisine orchestré par le bal des serveurs qui prennent les commandes et apportent les plats. Formidable Bernard Fresson en chef cuistot tonitruant à la faconde puissante. Les mouvements des serveurs qui s'agitent en tous sens sont extrêmement bien filmés par une caméra qui capte les différents serveurs sans donner l'impression de cafouillis mais au contraire comme un ballet parfaitement réglé. On s'y croirait vraiment !

Ensuite, le film fait un focus sur deux serveurs particulier Alex (Yves Montand) et Gilbert (Jacques Villeret) dont on découvre qu'ils ont des vies compliquées. Le premier, un ancien danseur de claquettes reconverti, est marié mais séparé d'une femme toujours amoureuse (à ce que j'ai compris) et riche (Rosy Varte). Mais pardon, côté Montand, ça se succède sec : Dominique Laffin, Nicole Garcia, une troisième dont je n'ai pas retenu le nom, qui elles-mêmes en font autant de leur côté. D'ailleurs pour éviter que le lit soit encore chaud entre deux, il faut jongler et ruser. Mais force est de constater que ça passe sans casse ! Ah, quelle santé !

Mais à la réflexion, je m'en fous et ça ne m'intéresse vraiment pas. Alors Jacques Villeret, c'est pareil mais lui, il complique ou il est moins malin, je ne sais pas, parce qu'il fait des gosses donc il tombe dans des histoires de divorce mais ne vit avec aucune femme puisqu'il vit en célibataire avec Montand. Honnêtement, j'ai pas tout compris mais encore une fois, je m'en fous et ça ne m'intéresse guère.

Et puis, à la fin du film, je ne sais plus trop où on en est. Enfin si, Montand se retrouve vraiment célibataire car si je n'ai rien loupé, toutes sont revenues au moins une fois et se sont barrées. Mais pour combien de temps ! That is the question. Que je ne me pose pas.

Parlons des acteurs plutôt (avant que je m'agace)…

Montand qui est la vedette du film. Eh bien, il fait du Montand en baratineur de première, en dragueur impénitent, en personnage assez égoïste puisqu'on sent qu'il a peur d'être ou de finir seul.

Jacques Villeret fait un numéro presque plus intéressant ou du moins il a un personnage un peu plus profond surtout quand il rive son clou à Montand. Peut-être.

Bernard Fresson, j'en ai parlé. S'il y a un intérêt à regarder ce film, c'est de voir sa prestation. Mais il reste un second rôle.

Et les femmes ? Dominique Laffin que j'ai eu apprécié dans certains films a un rôle assez insignifiant, pas à la hauteur de ce qu'elle sait faire.

Marie Dubois (qui est l'actrice pour laquelle je me suis spécialement déplacé pour voir le film à sa sortie car j'apprécie énormément) a un rôle encore plus insignifiant, à la limite de la figuration. Pour moi, une vraie déception.

Nicole Garcia tire un peu plus son épingle du jeu avec un rôle un peu plus ambigu dans sa relation avec Montand. Bôf.

Rosy Varte joue le rôle de l'épouse de Montand qui ne se souvient d'elle que pour la "taper" dans une scène où on voit Montand la manipuler pour arriver à ses fins. Vomitive mais pas trop mal la scène.

Le reste du casting Yves Robert, Hubert Deschamps, Clémentine Célarié est insignifiant.

Au final, je n'ai pas apprécié l'histoire qui est assez vaine. J'aurais aimé que Dominique Laffin et surtout Marie Dubois aient des rôles plus intéressants. Reste la prestation de Fresson et la mise en scène de la brasserie par Sautet qui sont excellentes mais pas suffisantes. Décemment, je ne peux pas aller au-delà de 4.