Gaston et la Gaffe qui sauva la Bubulle financière

Je suis obligé de contredire certains d'entre vous, mais j'ai trouvé le film excellent : il est 1000 fois mieux que la version live de Spirou et Fantasio, et au moins aussi bien que Le Marsupilami de Alain Chabat. Bien sûr, c'est pas une adaptation parfaite mais elle reste excellente et originale.

Si tout le monde aurait préféré que l'histoire se passe chez les Éditions Dupuis, et avec un Demesmaeker en mode plus "Signerais jamais !", l'essentiel de l'oeuvre de Franquin est là !

Car même si Gaston travaille à Le Petit Coin et pas chez Dupuis, il ne faut pas oublier que Dupuis pouvait être remplacé par n'importe quelle entreprise, et que ses employés peuvent tout aussi bien que Gaston être déplacés dans une autre entreprise. Puisqu'à la base, Gaston est "un ado qui a le permis de conduire" et qui se retrouve à travailler à la section courrier d'une boîte suite à un malentendu (comme disait INTHEPANDA dans sa critique du film).

Ce contexte de base est rappelé, et on a bien droit à un gaffeur inventeur paresseux mais plein de bonne volonté, qui s'avère cependant être le malheur de Prunelle et de Demesmaeker. Le réalisateur et les acteurs eux-mêmes reconnaissent que Gaston ne pourrait pas faire long feu dans un contexte d'entreprise normal.

Alors le film rajoute que Prunelle et compagnie croient que Gaston est le fils du patron de Le Petit Coin, entreprise chargé de vendre des objets atypiques ou légèrement défectueux. Il est vrai qu'un élément comme Gaston peut vite faire couler une start-up. Mais à vrai dire, dans le film, c'est Prunelle et Demesmaeker qui contribuent plus à ruiner l'entreprise, n'étant tellement pas habitués à subir le mode de vie alternatif de Gaston qu'ils finissent par faire eux-mêmes des gaffes.

Le film arrive quand même en peu de temps à caser des classiques de la BD de Franquin en peu de temps et dans des contextes justifiés : alors que Le Petit Coin risque de couler, Prunelle et Boulier décident de faire accélérer les cadences. Gaston se porte donc volontaire et met en place : la porte à ressort, le siège téléphérique de bureau, le café arrivant sur la table de bureau, une cantine automatique avec poisson aux fraises et câpres, etc.

Bien sûr, Gaston fait la sieste, amène son chat, sa mouette, son poisson rouge Bubulle et même une vache, fait pousser des légumes et améliore sa vieille Fiat avec des mesures écologiques mais dangereuses pour son entourage (pour le plus grand malheur de Longtarin).

Sans oublier le Gaffophone, qui fait trembler les bâtiments quand il fait des concerts avec Bertrand Labévue et Jules-de-chez-Smith-en-face (qui sont d'ailleurs très bien interprétés comme Gaston). Et son idylle avec Mlle Jeanne est aussi bien respectée (c'est un peu ce qui sauve son entreprise, d'ailleurs).

C'est d'ailleurs un autre classique de la BD qui sert de dénouement scénaristique. Alors que Le Petit Coin est ruiné, Prunelle ayant validé de mauvaises idées de produits (trop stressé à cause de Gaston), Demesmaeker se pointe avec un contrat pour racheter la boîte pour 1 € symbolique mais sans promesse de garder les employés (je rappelle que y a des versions de Boulier et Lebrac qui y travaillent), Gaston se pointe après un renvoi par Prunelle pour sauver...

Alors là, le film est fort et ce dénouement reste assez bien exécuté même dans son timing. Pour moi, ce Gaston Lagaffe est quasi parfait. Mais quasi à cause d'une petite scène de rien du tout :

Je recommande ce film, qui est une des meilleurs adaptations cinématographiques de BD franco-belge selon moi. D'autant que les gags désopilants à la Franquin s'insèrent bien et s'enchaînent à la minute. Et à ceux qui en disent du mal, je réponds : "M'enfin !"