Cette adaptation de The Great Gatsby de F. Scott Fitzgerald par Baz Luhrmann, que je découvre, prend le parti d’assumer pleinement l’esthétique kitsch du New York des années 20 décrit dans le roman, quitte à souligner parfois grossièrement certains éléments sans doute largement fantasmés, tels que le ciel bleu royal dans lequel se dessine toute la galaxie, l’extravagance exagérée des fêtes organisées dans le manoir de Gatsby, ou encore le comportement excessivement caricatural des protagonistes. C’est un choix artistique que j’ai aimé, mais qui aura sans doute perdu nombre de spectateurs.
Pour autant, le jeu de DiCaprio et Maguire est d’une justesse bouleversante, et c’est à mon sens le point fort du film. La scène la plus marquante se déroule au bord de la piscine, lorsque le narrateur Carraway dit « You can’t repeat the past », à quoi Gatsby répond : « Can't repeat the past? Why of course you can. Of course you can. » L’incrédulité de Carraway confrontée à la certitude désespérée de Gatsby de retrouver un passé fantasmé avec Daisy est parfaitement jouée par les deux acteurs, qui saisissent très exactement, par leur regard, le son de leur voix, l’expression de leur visage, la tension, l’absurdité, l’incompréhension et la tristesse qui portent cette conversation.
En installant ce contraste entre l’exubérance esthétique générale du film et des scènes plus intimes dans la nuit noire et brumeuse, Luhrmann réussit à capturer et à restituer la profondeur du propos de The Great Gatsby sur la poursuite d’un passé idéalisé, symbolisé par cette lumière verte au fond du paysage.