Nick se met à côtoyer des personnes huppées. Subséquemment, en tant qu’écrivain, notamment le sibyllin Gatsby, cela lui inspire un ouvrage.
Gatsby le Magnifique se dresse comme un monument cinématographique d'une ambivalence exaspérante, une œuvre à la fois éblouissante par ses parures et lacunaire dans son essence. Ce grand spectacle, d'une générosité visuelle presque obscène, peine malheureusement à élever son propos au-delà d'un faste souvent contre-productif.
L'Écrin Prestigieux d'une Récit Semplice
Le spectateur est immédiatement happé par une mise en scène flamboyante, une débauche sensorielle où chaque plan rivalise d'opulence. Les décors sont d'une somptuosité vertigineuse, les costumes d'une exquise confection, restituant avec une minutie presque obsessionnelle la frivolité et la magnificence des Années Folles. La représentation tapageuse et décadente des soirées mondaines est à cet égard une réussite indéniable, une immersion quasi hallucinatoire dans l'insouciance d'une époque révolue. Cependant, cette surabondance esthétique, ce visuel tape-à-l'œil, finit par desservir le récit, occultant une histoire foncièrement simple qui réclamait davantage de délicatesse que d'esbroufe. L'œil est certes flatté, mais l'âme demeure curieusement insensible face à tant d'emphase.
Une Distribution Inégale et une Longueur Éreintante
La pellicule déroule ses fastes sur une durée conséquente, laquelle paraît excessivement longue et parfois languissante. Le rythme, initialement frénétique, s'essouffle par intermittences, laissant poindre une certaine lassitude. Côté interprétation, le constat est également mitigé. Si la présence charismatique de Leonardo DiCaprio illumine l'écran de mille feux, sa performance est d'une intensité remarquable. Il incarne merveilleusement la complexité de la fragilité sous l’abondance, conférant à Jay Gatsby une aura de mystère et de mélancolie admirablement rendue. Face à cet astre, la prestation fadasse de Tobey Maguire déçoit amèrement. Son incarnation de Nick Carraway manque cruellement de relief, ne parvenant jamais à rivaliser avec l'éclat et la profondeur de son illustre partenaire. Cette disproportion altère l'équilibre nécessaire à la narration, déséquilibrant l'ensemble avec une fâcheuse prégnance.
Le Message Dilué par le Surplomb Stylistique
Au-delà des paillettes et de la musique anachronique, le film tente de véhiculer un message sur la richesse et la solitude, une réflexion sur l'illusion du bonheur matériel et le vide existentiel qui l'accompagne. Néanmoins, l'excès stylistique de Baz Luhrmann tend à diluer cette portée philosophique. Le spectateur est tellement submergé par l'extravagance visuelle qu'il peine à s'immerger pleinement dans les tourments intérieurs des protagonistes. La grandiloquence formelle, bien qu'impressionnante par moments, empêche une véritable connexion émotionnelle avec les destins tragiques qui se nouent. C'est une œuvre qui scintille de mille feux sans pour autant réchauffer le cœur.
Bref, ce métrage est une tentative cinématographique d'une ambition démesurée, mais qui, en son désir rococo d'éblouir, se perd parfois dans ses propres artifices. Il laisse derrière lui une impression de faste gâché, un somptueux écrin pour un joyau dont l'éclat est partiellement terni par l'outrance de sa propre mise en valeur.