"Even if the stardust falls and the flowers scatter, on a dazzling stage, I am reborn."

Le film Revue Starlight, comme je l’ai déjà écrit dans ma critique sur la série, (ici : https://www.senscritique.com/serie/revue_starlight/critique/277175955) est la suite directe de la série animée Revue Starlight, et reprend donc directement après les évènements de la série. Pour poser le contexte du film (sans spoiler), on retrouve nos chères 9 lycéennes que nous avons suivi durant 12 épisodes. Le film se passe 2 ans après le début de la série, elles font désormais partie de la 101ème classe de la Seisho Academy et sont sur le point d’entrer dans l’âge adulte, avec le passage dans les études supérieures. C’est donc un passage assez court mais clé pour nos personnages car elles font leur vœux d’orientation, certaines veulent se diriger tout simplement vers l’université, d’autres au National Theatre, etc.. Cela représente donc une période d'incertitude où on est pas sûr de nos choix concernant le futur, où on se remet en question ou pas préparé pour ce qui est à venir.

Et c’est là que le film est intéressant et rebondit sur un reproche que je faisais à la série, c’est de ne pas être pleinement conclusive concernant ses personnages. Or, on peut justement voir ces filles être en proie aux doutes, à la peur d’aller de l’avant ou de s’affirmer réellement (car la vie adulte comme nous le savons est pas mal génératrice de pression à la réussite, ce qui est encore plus flagrant dans leur cas vu leur background de génies dans le domaine du théâtre japonais, l’académie Seisho ayant un taux d’admission vers les 3 %).

Le film reprend donc complètement le développement que les personnages avaient dans la série, et part du principe que le spectateur a vu la série. Je proscris donc complètement de regarder le film si vous n’avez pas vu la série, vous n’allez absolument rien comprendre aux relations entre les personnages et le visionnage sera désagréable plus qu’autre chose.

Or, le film est justement là pour leur apporter ce développement final, cette conclusion qui leur permettra d’aller de l’avant et de pleinement s’accepter en tant qu’être humains, pour éviter la « mort » (qui est utilisée dans un sens métaphorique dans le film, elle signifie la fin de passion, le fait de rester « immobile » mentalement, la peur de ne pas aller de l’avant, en gros de ne pas progresser en tant qu’être humain). D’autant plus que cet aspect s’accompagne d’un aspect meta qui joue un peu sur les codes du genre (même si sur ce point je préfère ne pas développer plus vu que ça spoile un peu).

Mais outre cet aspect, le film traite également de l’obligation qu’on peut avoir de se séparer des gens qu’on aime si on veut accomplir ses buts, et de la difficulté donc que les personnages peuvent avoir pour un peu « remodeler les liens » qu’ils ont afin d’aller de l’avant.

Concernant la structure du film, elle n’est pas très éloigné de la série dans sa structure vu qu’il commence assez tranquillement avec du Slice of Life qui présente le ressenti des personnages sur le fait qu’ils vont passer dans les études supérieures, slice of life où comme dans la série, rien n’est laissé au hasard, des petites interactions qui peuvent être perçues comme anodines sont en réalité très importantes pour le reste du film.

Comme Utena, Revue Starlight est donc également une métaphore (plus ou moins subtile selon les moments) du passage à l’âge adulte (aspect déjà présent dans la série mais c’était avant tout la fondation dans celle-ci).

Ce slice of life est suivi par les revues du film qui finissent par toutes s’enchaîner contrairement à la série animée. S’il y a quelque chose que je pourrais reprocher au film, c’est d’un peu trop étirer ses flashbacks concernant le duo principal de Revue Starlight (Hikari et Karen), ils auraient gagné selon moi à être plus courts, surtout qu’ils créent une certaine redondance avec la série par moments vu qu’il y a quelques passages qu’on a déjà vu dans la série. Je considère néanmoins qu’ils apportent beaucoup à la relation Hikari/Karen et à l’oeuvre en général dans son détournement de certains tropes classiques que le film casse de façon brillante, mais il n’empêche que j’aurais préféré qu’ils soient un peu plus courts.

Après il est possible que j’ai eu cette impression car bien que ce duo principal est important dans la structure générale de Revue Starlight, ce ne sont pas mes personnages préférés bien que je les apprécie.

J’aimerais en dire plus sur les personnages qui selon moi brillent réellement de mille feux dans le film, mais c’est un peu compliqué sans spoiler. Il faut néanmoins savoir qu’avec le film, elles se détachent toutes (plus ou moins) du cliché qu’elles pouvaient représenter au début de l’anime, le film parvenant en l’espace de 2 heures (un temps assez court) à donner encore plus de complexité aux personnages et à leurs interactions.

C’est donc réellement avec le film que Revue Starlight va dévoiler tout le potentiel qu’il avait, le film brille de mille feux, les Revues (qui étaient déjà très bonnes dans la série) deviennent absolument excellentes, la réalisation enfonce littéralement six pieds sous terre celle de l’anime, la musique (qui était pourtant le point fort principal de l’anime) est encore meilleure. D’autant plus que le film en lui-même dure 2 heures mais il y a six insert songs dans le film qui durent en tout 50 minutes, 50 minutes de banger musical avec une OST qui a une vraie identité, avec pas mal d’influences musicales variées, que ce soit des sonorités orientales, un côté un peu funky, une musique plus théâtrale, du rock industriel par moments, et j’en passe.

Les revues du film sont un bonheur auditif intégral pour quelqu’un d’éclectique comme moi.

J’ai parlé des musiques mais comme je l’ai déjà dit, la réalisation est bien meilleure, il y a tellement d’idées visuelles et de symbolisme qui défilent et qui donnent énormément de dynamisme à l’ensemble (quand la série était un peu plus sage à ce niveau), idées qui permettent d’illustrer le développement des personnages ainsi que leurs dynamiques.

J’ai certes dit ça déjà sur la série d’origine mais c’était assez sage à ce niveau, là le film va à fond dans ses concepts et est complètement décomplexé, et c’est une jouissive tant visuellement que sonore, j’ai vraiment pris une baffe à laquelle je n’étais pas prêt. Ce qui est effets de lumière, plans, ont également été grandement améliorés, le film est vraiment un glow-up phénoménal par rapport à la série sur tous les plans.

Être passé à un format cinématographique (j'aurais tellement aimé voir ce film au cinéma, RIP) a fait réellement du bien à Revue Starlight, on sentait que l’anime était probablement un peu limité par son budget, là le réalisateur et son équipe ont carte blanche pour pleinement exécuter leurs idées, et c’est magnifique à voir.

Néanmoins, ça rend peut-être le visionnage plus « difficile » que la série par moments, car les revues s’enchaînent à un rythme effréné, le rythme ne retombe pas vraiment, les images peuvent parfois défiler réellement vite, la réalisation est bien plus réussie donc on se focalise plus sur les images, sauf qu’à côté il faut également lire les dialogues entre les personnages (qui passent parfois en même temps que les paroles des insert songs) ainsi que les paroles des insert songs, car encore une fois elles contiennent une grosse partie du développement des personnages. D’autant plus que certains personnages sont assez complexes (bien plus que dans la série), ce qui peut donc perdre certains spectateurs.

Tous ces éléments m’ont rendu le visionnage du film très cathartique, j’appréciais déjà les personnages mais le film a multiplié par deux l’appréciation que j’avais pour elles, tout en étant très émouvant de voir les personnages que j’apprécie autant se séparer, car la vie c’est aussi ça, une séparation avec les gens qu’on a pu apprécier car il le faut, car nous prenons des voies différentes.

En gros, merci Revue Starlight, l’anime était déjà très bon mais avait clairement ses défauts qui m’empêchaient de réellement l’adorer, alors que selon moi le film est un quasi sans-fautes (sa dernière heure est sûrement ce que j’aime le plus en japanime avec le film Utena) et qui conclut Revue Starlight avec un gros bang, un ultime spectacle que j’aurais aimé pouvoir oublier pour le redécouvrir à nouveau et avoir cette même surprise en voyant le film.

Hannibalmick
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le 2 nov. 2022

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