Bien sûr, il est évident que quiconque, découvrant ce film une fois adulte, n'y verra qu'une énième comédie française idiote. Pourtant, considérons-le cette fois-ci sous divers angles d'approche.
Pour commencer, à quelques jours des sorties grossièrement rapprochées des films La Guerre des Boutons, de Yann Samuell, et La Nouvelle Guerre des Boutons, de Christophe Barratier (cf, ici : http://www.lexpress.fr/culture/cinema/la-guerre-des-boutons-la-vraie-de-vraie_1015967.html), deux lamentables tentatives de redonner une sorte de seconde jeunesse au classique d'Yves Robert, on soulignera ceci : la vraie version contemporaine de La Guerre des Boutons, c'est bel est bien Génial, mes parents divorcent ! et non pas les deux bouses annoncées qu'on nous a pathétiquement jeté à la gueule.

Prenons en compte une chose : à l'époque du livre, en 1912, le propos se justifie, deux villages, des petites guerres, et puis au centre, une tension qui repose sur une chose aussi futile que pourtant concrète, les fameux boutons. Quand Yves Robert réactualise la même histoire en plaçant ses personnages à sa propre époque, 1962 donc, le propos se tient toujours. Les deux nouveaux films tirent sur une corde sensible débectante, en voulant moderniser, tout en jouant dans la nostalgie. Aucun des deux nouveaux projets ne s'aventure à proposer quoi que ce soit, usant de bonnes vieilles ficelles qui ont déjà fait leurs preuves.
Mais, en 1990, quand Patrick Braoudé (réalisateur moyen, soit) propose son film, il commet une audace. Faire un film contemporain sur des boutons, au temps de la fermeture éclair et des scratch, du I-Phone et d'internet, serait une belle idiotie. En 90, le réalisateur, qui je pense n'a jamais voulu rejouer la Guerre des Boutons, se concentre sur un sujet sensible et totalement d'actualité. C'est une fait, à partir des 90'S, les familles divorcés se font de plus en plus nombreuses. Disons-le, des parents divorcés, ça craint quand t'es gosse. Si en plus la société te met au rang du paria, ça craint encore plus.

Je crois que c'est tout d'abord de ça qu'a voulu parler Patrick. Évidemment, quand on regarde le film, on ne peut s'empêcher de faire des rapprochements, il y a les deux bandes, les deux chefs amis/ennemis, le petit gamin rigolo, les mots d'enfants... etc, etc. Mais reste ça : du début à la fin, même maladroitement, le film cristallise une ambiance et une vérité sociale, celle de la vie des enfants de parents divorcés. Mine de rien, les différents évènements sont assez bien choisis, s'enchaînent avec justesse, et le ton général fait mouche, particulièrement auprès du public visé. C'est-à-dire, par exemple, mon petit frère et moi, dans un cinéma avec notre père, durant son week-end de garde.

Notons, qu'il y avait bien moyen de faire tout et n'importe quoi avec une idée de base aussi fine : deux bandes de gosses se battent, il y a les enfants de divorcés et les autres. Mais que ce soit la jolie histoire d'amour, celle d'amitié, ou la fugue du copain paumé aux parents en crise, le tout fonctionne plutôt bien. Qu'importe si les enfants ne jouent pas toujours parfaitement, puisque, en définitive, il le font assez bien pour ce film sans grande prétention.
Le plus important, ici, c'est que le sujet, préoccupation légitime de l'époque, reste le coeur du film, l'objet du propos. Non pas un revival nostalgique à simple but commercial. Pour ma part, sans vouloir la jouer dans le drame, je suis d'une famille divorcée, et je sais que ce film idiot a joué pour beaucoup dans ma constitution d'adulte. Il m'a permis, gamin et adolescent d'avoir un peu de fierté, de me sentir in, au moins pour quelque chose. Oui, depuis ce film, c'est la classe d'être un enfant de divorcé. Rien que pour ça, ça a son poids. Merde au râleurs ! Boycottons le duo de bouses à sortir et préférez ce film déjà vieux, mais finalement tellement plus ancré et concerné, et osons le dire, la seule vraie adaptation contemporaine valable de la vielle Guerre des boutons.
colville
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le 11 sept. 2011

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colville

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