Un film qui a vu le jour grâce à Kiss Kiss Bank Bank.
Un producteur n'est pas seulement un tyran, c'est aussi un regard, un accompagnateur. Le film de Chaghig Arzoumanian souffre de la profonde solitude dans laquelle il est né. On sent que personne ne lui a dit que son film commençait quand elle pensait l'avoir terminé.
La cinéaste en voix off tire les fils de sa généalogie, une famille arménienne au gré de ses déplacements, depuis 500 ans. Elle filme au présent les lieux du passé, qui ne révèlent aucune trace. Et bien sûr c'est intéressant de montrer qu'il ne reste aucune trace de l'Arménie anatolienne, que tout a été effacé minutieusement, mais en même temps c'est faire échouer le cinéma. D'ailleurs les mots même de la réalisatrice s'en trouvent affectés : métaphoriques, ils échouent à dire les faits. Quelques plans malgré tout témoignent de la présence arménienne : ce sont peut-être ces plans qu'il aurait fallu faire parler, plutôt que d'ajouter des images du cosmos à n'en plus finir.